Le Robert, le 21 Juin 2004
Jean-Pierre ARSAYE
BP 22
97231 Le Robert
Monsieur le ministre,
C’est avec consternation que j’ai eu vent d’une éventuelle suspension du CAPES de créole, concours dont la mise en place a été obtenue de haute lutte. En tant que militant de la cause créole et enseignant de cette langue, je trouve ce projet absolument injuste et néfaste. En effet, comme vous le savez, trois facteurs président essentiellement au développement d’une langue : sa pratique quotidienne, son enseignement et les productions culturelles dans cette langue. S’agissant de la pratique du créole, qui peut nier que les Antillo-guyanais dans leur grande majorité sont créolophones et que le nombre de locuteurs du créole à base lexicale française est estimé à plus de 8 millions ? Pour ce qui est des productions culturelles, il suffit de considérer la place qu’occupent la musique, la chanson créole, le théâtre créole dans nos pays. Enfin, il est aussi indéniable que de plus en plus d’auteurs se mettent à écrire en créole et que même quand ils écrivent en français, ils sont, du moins pour les plus prestigieux d’entre eux, redevables au créole pour la richesse et l’originalité de leur écriture.
Aussi, qui sont mieux placés que les enseignants, en l’occurrence les capésiens du créole, pour permettre, grâce à leur travail, une meilleure compréhension par les jeunes, de notre culture créole? Qui mieux qu’eux peuvent être les vecteurs de l’élargissement du lectorat des écrivains publiant en créole et par voie de conséquence, susciter des vocations ?
Pour toutes ces raisons, j’élève, monsieur le ministre, la plus vive protestation, contre une mesure qui, si elle était appliquée, serait une grave atteinte à l’avancée d’une langue qui, pour une grande part, constitue notre personnalité antillaise.
Recevez, monsieur le ministre, mes respectueuses salutations. Jean-Pierre Arsaye
ATER à l’Université des Antilles et de la Guyane
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