Pétition
CAPES de créole 2005 ?
 

Ce 20 juin 2004

Monsieur le Ministre

Je me présente: Daniel BOUKMAN, martiniquais, militant culturel, écrivain créolo-francophone, Prix CARBET 1992 de la littérature de la Caraïbe; auteur de poèmes en créole, de pièces de théâtre, les unes en français, les autres en créole et en français; depuis 2001, réalisateur à RFO d’une émission radiophonique «Tout lang sé lang» [Toutes les langues sont des langues] dont l’écho favorable contribue à entretenir l’intérêt grandissant que mes compatriotes manifestent à l’égard de cette langue, le créole, partie intégrante de notre personnalité culturelle spécifique; animateur d’ateliers d’étude du créole destinés aux non créolophones résidant en Martinique…

Si j’énumère ces titres, ce n’est pas pour me tresser je ne sais quelle couronne de lauriers, mais bien pour vous dire, Monsieur le Ministre, que je considère comme une intolérable atteinte à mon intégrité culturelle (et personnelle et collective) la décision que le ministère dont vous êtes le responsable, a l’intention de prendre, à savoir la suspension du CAPES de CRÉOLE à compter de la session 2004-2005.

En tant que militant culturel, en tant qu’écrivain utilisant dans sa pratique littéraire cet outil langagier qu’est le créole, je proteste avec véhémence.

En effet, l’enseignement de cette langue au sein des établissements scolaires, plus que jamais, a besoin d’un personnel certifié afin, entre autres, d’élargir le cercle de ce lectorat auquel, en particulier, nos productions en langue créole sont destinées ; afin aussi - et surtout- d’y susciter de futures vocations pour que davantage encore fleurisse et fructifie la littérature écrite en créole.

Vous êtes bien placé, Monsieur le Ministre, pour savoir que si la langue française a aujourd’hui tant de force et de beauté, c’est, en grande partie, à ses écrivains qu’elle le doit. A ces écrivains qui, à travers le temps qui passe, ont nourri de cette langue leurs œuvres qu’en retour celles-ci ont contribué et contribuent à enrichir.

Cet effet de vases communicants se serait trouvé grandement contrarié si l’étude de la langue (française) par les textes n’avait pas été prise en charge par l’Ecole laïque et républicaine.

Il va sans dire que ce qui a été (et est encore) valable pour la promotion de la langue française doit aussi concerner celle de la langue créole.

Alors même que le nombre des collégiens et lycéens martiniquais désireux de suivre les cours de créole ne cesse d’augmenter, décider, comme le bruit court, de mettre un terme, fût-il provisoire, au CAPES de CRÉOLE (qui n’en est qu’à sa troisième édition) serait la preuve d’une inadmissible mesure..

En espérant que vous tiendrez compte des mises en garde que ne manquera pas de provoquer cette décision lourde de conséquences, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre à l’assurance de ma vigilante considération

Daniel BOUKMAN
   


 
Pétition contre la supression du CAPES de créole.
 
 
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