Raphaël CONFIANT
Villa n°4, Entrée de Coridon
97-200 Fort-de-France
(MARTINIQUE)
à
M. le Ministre de l'Education Nationale
Le 19 juin 2004
OBJET : Suspension du CAPES de créole
Monsieur le Ministre,
Je viens d'apprendre avec stupéfaction que votre ministère envisage la suspension du CAPES de créole à compter de la session 2004-2005. Je tiens à rappeler que ce CAPES n'existe que depuis 3 ans, contrairement aux autres CAPES de langues régionales qui, eux, datent de plus d'une quinzaine d'années. Je rappelle aussi qu'avec près de 2 millions de locuteurs actifs (Martinique-Guadeloupe-Guyane-Réunion), le créole est la langue régionale la plus parlée sur le territoire français. La création d'un CAPES de créole, quoique tardive, n'était que justice, d'autant qu'on doit l'inclure dans le cadre des réparations de ce crime contre l'humanité que fut l'esclavage des Noirs. L'Assemblée Nationale a, en effet, voté en 1998, une loi reconnaissant l'esclavage comme étant un crime contre l'humanité.
A ce jour, seuls 5 Capésiens de créole ont été recrutés pour la Martinique, 1 pour la Guadeloupe et 8 pour la Réunion. Soit 14 (quatorze) enseignants pour.2 millions d'habitants. A qui fera-t-on croire que continuer à en recruter, à doses homéopathiques en plus (il n'y a que 4 postes ouverts au CAPES de créole), grèvera le budget de votre Ministère et celui de l'Etat ?
Je considère donc cette éventuelle suppression comme une violation grave de nos droits de citoyens français d'Outre-Mer lesquels citoyens ont donné leur sang pour la France en 1863 (guerre du Mexique menée par Napoléeon III), en 1870, en 14-18, en 39-45, en Indochine, en Agérie et j'en passe.
Recevez, monsieur le Ministre, mes salutations indignées.
Raphaël CONFIANT (écrivain)
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