Pétition
CAPES de créole 2005 ?
 

Michel KNEUR
Chemin de Desmarinières
97220 TRINITE

Ministère de l'Education Nationale

Trinité, le 23 juin 2004

Monsieur le Ministre,

Alerté par mes amis universitaires des menaces pesant sur l'organisation du prochain CAPES de créole, je joins à mon tour les remarques solennelles qui suivent.

Natif du Languedoc ("langue d'Oc") et originaire d'une vieille famille bretonne, je ne parle malheureusement ni le breton, ni l'occitan, ayant quitté trop jeune ces régions. En revanche, à chacune de mes visites à la rare famille qui m'y reste, j'ai l'occasion - douloureuse - de constater que ces langues régionales n'y sont plus parlées que par un nombre infime d'habitants, souvent âgés et campagnards.

La raison, vous la connaissez: lorsque j'étais enfant, l'ostracisme linguistique qui frappait les "patois" était aussi virulent que celui qui, aux Antilles, a marqué le créole.

Ces idiomes n'en ont pas moins acquis (non sans difficultés) le titre de "langues régionales", officiellement admises et enseignées - au même titre que le basque, le corse, le catalan ou l'alsacien.

Le créole, lui, fort tardivement admis comme tel, présente avec ces langues une différence notable: loin d'être une "langue morte", parlée par les "vieux", les "incultes", et une poignée d'intellectuels "revivalistes", le créole n'a jamais cessé d'être pratiqué, dans la vie courante, par la quasi-totalité de la population, tous âges et toutes conditions sociales confondus. Mieux: comme une langue vivante qu'il est, le créole s'est enrichi, au fil des années, d'une quantité notable d'expressions nouvelles, néologismes et emprunts étrangers, nécessaires à la vie courante moderne.

Comment admettre, dès lors, qu'on mette un frein à son enseignement, dans un cadre officiel, contrôlé, et normatif? A l'enseignement de sa forme écrite?

Refuser cela, ce n'est pas "tuer le créole" (il ne mourra pas), mais c'est le confiner dans un risque certain d'abâtardissement en un sabir créolo-franco-anglo-verlan (ça a déjà commencé), où la langue française n'aura rien à gagner!

Je vous adresse, Monsieur le Ministre, l'expression de mes salutations respectueuses.

Michel Kneur


 

 
Pétition contre la supression du CAPES de créole.
 
 
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