Historique
Lorsqu’en l’an 2.000, le Ministère de l’Education
Nationale décida de créer un CAPES de Langues et Cultures
Régionales-option Créole, à l’instar
de ce qui existait depuis une quinzaine d’années pour
le breton, le basque ou l’occitan, le GEREC-F (groupe d’études
et de recherches en espace créole et francophone) de l’Université
des Antilles et de la Guyane, promoteur depuis nombre d’années
de ce projet, mit sur pied un site-web afin de dispenser une préparation
en ligne à ce concours.
En effet, le GEREC-F, conscient que ladite préparation
ne se ferait qu’à l’IUFM de la Martinique, celle-ci
se consacrant, dans les DFA (départements français
d’Amérique) aux CAPES littéraires, avait voulu,
par ce biais, aider les éventuels candidats guadeloupéens,
guyanais, réunionnais ou vivant dans l’Hexagone. De
fait, une quarantaine d’étudiants internautes de ces
4 zones s’inscrivirent à cette formation d’abord
en 2001-2002, puis en 2002-2003. L’enseignant, membre du GEREC-F,
qui avait conçu et piloté ce projet, Raphaël
Confiant, se vit même attribuer, en 2002, une
prime à l’innovation pédagogique par
le Conseil d’Administration de l’Université des
Antilles et de la Guyane.
Paradoxalement, si la formation en ligne se déroula fort
bien, de très nombreux problèmes entachèrent
la formation en présentiel des étudiants de l’IUFM-Martinique
(dont 60% étaient des étudiants originaires de Guadeloupe
ayant effectué leurs études sur le campus de Schœlcher
à la Martinique). Cette formation en présentiel fut
assurée pendant 2 ans par 6 membres du GEREC-F, certains
étant des universitaires, d’autres des enseignants
du secondaire.
Problèmes à l’IUFM-Martinique
- Le coordonnateur de la préparation au CAPES de créole,
choisi par la direction de l’IUFM-Martinique, n’avait
ni les qualifications ni la compétence pour occuper un
tel poste. D’abord, il n’était pas enseignant
du secondaire mais du primaire et ne possédait donc pas
lui-même de CAPES. Ensuite, il n’était détenteur
d’aucun diplôme de créolistique, chose qui
ne l’empêcha pourtant pas de dispenser des cours aux
étudiants lesquels cours laissaient fortement à
désirer. D’où la perplexité, puis la
colère de maints étudiants.
- La direction de l’IUFM-Martinique s’est avérée
incapable:
- d’obtenir que le président du jury du CAPES de
créole, M. Didier de Robillard, professeur à l’Université
de Tours, vienne à la Martinique exposer les attentes du
jury, chose normale s’agissant d’un CAPES tout neuf.
Il est à noter, par contre, que M. de Robillard s’est
rendu à l’île de la Réunion, en 2001
et y a rencontré les formateurs et les étudiants
de l’IUFM-Réunion.
- d’obtenir que le président du jury envoie - par
voie postale, par fax ou par mail - lesdites attentes, ce qui
a eu pour effet que les candidats de l’IUFM-Martinique se
sont présentés à ce concours à l’aveugle.
D’où, par exemple, leur immense surprise de découvrir
que le sujet de dissertation
créole, à l’écrit, leur était
donné…en français, alors qu’ils devaient
rédiger ce devoir…en créole. D’où
encore leur étonnement de constater qu’à l’oral,
ceux d’entre eux qui furent admissibles, se virent interroger
non pas sur le programme de littérature créole figurant
au B.O. à savoir La Fable créole mais bien
sur…la totalité des textes créoles publiés
depuis 2 siècles etc…etc… En discutant avec
leurs collègues admissibles réunionnais, ils se
rendirent compte que ceux-ci étaient parfaitement au courant
de tout cela.
- Apprenant l’existence d’un poste
réservé, l’un des étudiants
de l’IUFM-Martinique, ayant effectué 5 années
d’enseignement de créole en collège en tant
que vacataire et remplissant donc les conditions pour se présenter
à ce poste, s’est vu ballotter entre la direction
de l’IUFM-Martinique, le coordonnateur de la préparation
au CAPES de créole et le Rectorat de la Martinique sans
jamais pouvoir obtenir confirmation de l’existence dudit
poste et donc sans pouvoir s’y inscrire. Or, ce poste existait
bel et bien et l’unique candidat réunionnais qui
s’y est présenté, a été retenu
par le jury en juin 2002.
- Apprenant que la plupart des membres du jury du CAPES de créole
seraient des enseignants réunionnais (ou exerçant
à la Réunion) qui dispensaient des cours dans le
cadre de la préparation au CAPES de créole organisé
par l’IUFM-Réunion, le GEREC-F s’est ému
de cette situation. Ces jurés,
en effet, seraient à la fois juge et partie, chose
totalement illégale, ce qui fait que dans l’Hexagone,
jamais les formateurs aux préparations des différents
CAPES ne sont convoqués pour faire partie des différents
jurys. Cette entorse à la loi est d’autant plus grave
que le CAPES de créole est un «petit» CAPES,
petit par le nombre de candidats (192 la première année).
Les jurés réunionnais (ou exerçant à
la Réunion) ont donc interrogé à l’oral
leurs propres étudiants c’est-à-dire ceux
qu’ils ont eux-mêmes formés à l’IUFM-Réunion
! ! ! La direction de l’IUFM-Martinique n’a jamais
soutenu les protestations émises par le GEREC-F. Résultat
: à la première session, les candidats réunionnais,
dont aucun ne possédait
en 2002 de Licence de créole puisque cette filière
n’existait pas encore à l’Université
de la Réunion, ont raflé 4 des 8 postes mis
au concours. A la deuxième session, les candidats réunionnais
étaient inscrits en septembre 2002, à la licence
de créole, enfin créée à l’Université
de la Réunion, mais à la date du CAPES (début
mars 2002), aucun d’entre eux n’était titulaire
de la licence de créole puisque les examens universitaires
se déroulent en juin. Après donc seulement 4 mois
de cours, les candidats réunionnais, formés par
les mêmes membres du jury réunionnais, toujours formateurs
dans la préparation au CAPES de créole et donc toujours
juge et partie, raflèrent à nouveau 50% des postes.
- Le CAPES de créole étant en réalité
un CAPES bi-valent (créole/lettres modernes; créole/anglais;
créole/espagnol; créole/histoire; créole/géographie),
nos étudiants à l’IUFM-Martinique suivaient
donc des cours dans la valence de leur choix, ayant des épreuves
de valence tant à l’écrit qu’à
l’oral. Or, un enseignant d’anglais, professeur des
universités, refusa d’abord d’admettre nos
étudiants dans ses cours, puis contraint de les y accepter,
refusa de corriger leurs dissertations lors des «CAPES blancs»,
chose qui traumatisa nos étudiants et surtout les pénalisa
très fortement puisqu’ils ne pouvaient juger ni de
leur niveau d’anglais ni faire des progrès. Ce professeur,
en poste au campus de Schœlcher et enseignant dans la préparation
au CAPES d’anglais de l’IUFM-Martinique, traita nos
étudiants comme des pestiférés, arguant du
fait qu’ils n’étaient que des «créolistes
» et surtout pas des «anglicistes». Or, ce monsieur
savait très bien qu’il n’existe pas de DEUG
de créole et que les étudiants qui choisissent de
s’inscrire en Licence de créole, possèdent
nécessairement un DEUG en Lettres modernes, anglais, espagnol,
histoire etc…Mieux : il savait que la plupart de nos étudiants
étaient titulaires de licences d’anglais, d’espagnol,
de lettres modernes etc…pour la bonne raison qu’ils
avaient procédé à une double inscription
lors de leur année de licence, chose tout à fait
légale. Certains même étaient titulaires de
maîtrises, notamment en anglais ! Décréter
donc qu’ils n’étaient pas des anglicistes était
une contrevérité
et refuser de corriger leurs copies un acte de scélératesse.
Devant les protestations du GEREC-F, la direction de l’IUFM-Martinique
se contenta d’un banal rappel à l’ordre à
l’enseignant d’anglais en question!
- La direction de l’IUFM-Martinique ne s’est jamais
préoccupée d’obtenir le rapport du jury du
premier concours (2001-2002), rapport pointant les erreurs des
candidats et indiquant en filigrane les attentes du jury. Or,
ce rapport a circulé à la Réunion et en Guadeloupe
sous forme photocopiée 4 mois avant les épreuves
écrites du deuxième concours (2002-2003),
favorisant objectivement les candidats de ces deux régions
au détriment de leurs concurrents de l’IUFM-Martinique
(dont un peu plus de la moitié, rappelons-le, était
d’origine guadeloupéenne). Mieux: la direction de
l’IUFM-Martinique a prétendu n’avoir reçu
ledit rapport du Ministère que…la veille du jour
où se déroulait les épreuves écrites,
ce qui veut dire qu’aucun
candidat de la Martinique n’a pu y avoir accès ni
bénéficier des remarques et critiques qu’il
comportait. Devant l’indignation du GEREC-F, la direction
de l’IUFM-Martinique a été contrainte d’adresser
un courrier de protestation au Ministère de l’Education
Nationale, courrier dont ladite direction ne nous a jamais informés
des suites ! ! !
- Devant le refus des formateurs du GEREC-F de continuer à
collaborer avec le coordonnateur-instituteur du CAPES de créole
à l’IUFM-Martinique, personnage qu’ils durent
supporter deux ans de suite, la direction de l’IUFM-Martinique
s’est vue contrainte de nommer quelqu’un d’autre.
Pour ce faire, elle avait le choix entre pas moins de 5 enseignants
de collège et de lycée titulaires de leur poste
et dûment diplômés en Langues et cultures régionales
(Capes, DEA ou Doctorat). Or, faisant fi de tout bon sens, elle
a préféré choisir un non-titulaire de l’Education
Nationale - qui s’est vu offrir un poste de contractuel
- et qui n’enseignait plus depuis 12 ans dans l’école
privée de la banlieue foyalaise où, placardisé
par sa direction à laquelle il avait intenté pas
moins de trois procès, il occupait une vague fonction de
directeur d’études. Quant on sait que cette école
privée s’occupe de former des bacheliers et des BTS
en commerce ou en tourisme, on ne voit pas très bien quelles
études liées aux études créoles ce
monsieur dirigeait. Non seulement donc, il ne possède pas
de CAPES mais il fait partie de ceux qui se sont virulemment opposés
à la création du CAPES de créole en l’an
2000! Son incompétence est telle qu’il a téléphoné
aux étudiants de l’an dernier afin de récupérer
leurs notes de cours, cours dispensés par les membres du
GEREC-F. Devant cette énième provocation, le GEREC-F
décida de se retirer de l’IUFM-Martinique et de créer
sa propre formation, en présentiel, au CAPES de créole,
cela dans le prolongement direct
de la formation en ligne mise en place par elle depuis deux ans.
Cette
formation est entièrement gratuite pour les étudiants
et surtout ne coûte strictement rien à l’Université
des Antilles et de la Guyane car les membres du GEREC-F y enseignent
à titre gracieux c’est-à-dire en plus
de leur service statutaire normal.
- La plupart des enseignants du GEREC-F attendent toujours d’être
payés par l’IUFM-Martinique après 2 ans de
cours.
- La liste des griefs que nous faisons à la direction
de l’IUFM-Martinique serait trop longue à établir.
Nous préférons nous arrêter là.
Conclusion
La direction de l’IUFM-Martinique porte donc l’entière
responsabilité du refus des membres du GEREC-F de continuer
à y enseigner. Elle ne s’est pratiquement jamais élevée
contre les irrégularités, entorses à la loi
et autres magouilles dont furent, deux ans durant, victimes les
candidats de la Martinique, chose qui a commencé à
décourager un certain nombre de titulaires de la licence
de créole lesquels ont tendance à se diriger plutôt
vers la préparation du professorat des écoles ou d’autres
concours de la fonction publique. Or, grâce aux efforts du
GEREC-F et de la direction du Lycée Acajou II, le créole
a obtenu le statut de LV3 (langue vivante 3) au baccalauréat,
en concurrence donc avec l’allemand ou le portugais, et depuis
lors, trois vagues de candidats au bac l’ont choisi, avec
succès pour la plupart d’entre eux. Il
y a donc un besoin croissant de professeurs de LCR-option créole
dans le secondaire et donc de titulaires du CAPES de créole.
En encadrant gratuitement leurs étudiants, en dispensant
les cours en dehors de leurs heures de service, les enseignants
du GEREC-F ne font rien d’illégal. Ni de commercial
d’ailleurs. Rappelons que les «boites à bac»,
les écoles privées de préparation à
l’entrée aux Prépa ou à Sciences Po,
par exemple, ou encore le CNED etc font payer leurs formations et
souvent au prix fort.
LE GEREC-F |