Monsieur le
Ministre de l’Education Nationale,
J’ai l’honneur de m’adresser
à vous afin d’attirer votre attention sur une grave
anomalie qui pèse sur la composition du jury du tout nouveau
CAPES de créole et cela depuis l’an dernier, date de
sa création. En effet, à la session 2002, ce jury
n’était composé d’aucun
enseignant relevant de la 73è section c’est-à-dire
de la section «Langues et cultures régionales».
On y trouvait uniquement des enseignants relevant de la 7è
section (Sciences du Langage), de la 20è section
(anthropologie), de la 21è section (histoire) et
de la 9è section (Lettres Modernes). Or, il existe
4 enseignants de 73è section spécialisés
en créole qui sont :
- Jean Bernabé (professeur).
- Robert Damoiseau (professeur)
- Bernadette Cervinka (MCF)
- Raphaël Confiant (MCF)
Aucune de ces personnes, qui enseignent
à l’Université des Antilles et de la Guyane,
n’a participé au jury de la session 2002. Peut-on
imaginer un jury de CAPES de philosophie ne comportant aucun enseignant
de 17è section? Un jury de CAPES de géographie
ne comportant aucun enseignant de 2 3è section
? Un jury de CAPES de mathématiques ne comportant aucun enseignant
de 25è section ? Cela paraît hautement improbable.
La question que l’on est donc en droit de se poser est de
savoir s’il existe deux poids deux mesures et si, s’agissant
de la langue et la culture créoles, n’importe qui,
quelle que soit sa spécialité, est autorisé
à siéger dans un jury visant à recruter les
professeurs de créole du secondaire.
Je tiens à vous rappeler que le
créole avec 2 millions de locuteurs réels est la langue
régionale française la plus parlée et la plus
vivace. Que cette langue possède 10 millions de locuteurs
à travers le monde et qu’elle est étudiée
et enseignée dans de prestigieuses universités d’Allemagne,
des Etats-Unis et du Canada. Que depuis trente ans une littérature
de qualité se développe en créole lequel investit
également les médias électroniques, en particulier
l’Internet où plus d’une cinquantaine de sites
sont recensés. Il est donc fort difficile de comprendre et
d’admettre qu’elle soit traitée par-dessus la
jambe au niveau d’un concours aussi important que le CAPES
et cela en violation de toutes les règles administratives
et déontologiques.
S’il est vrai que l’anomalie
que je vous signale présentement n’est pas le fait
de votre administration mais de celle qui l’a précédée,
il me semble urgent, pour la crédibilité même
de ce concours, que les personnes compétentes en fassent
majoritairement partie. Savez-vous
par exemple que les membres de l’actuel jury n’ont jamais
pratiqué les deux matières principales de l’écrit
à savoir:
- la dissertation en créole.
- la traduction créole/français.
Historiens, anthropologues, géographes
ou spécialistes de Lettres Modernes, comment, où et
quand, en effet, auraient-ils pu se former à la pratique
de tels exercices? Exercices qu’ils seront amenés,
pour la deuxième année consécutive, à
corriger ! ! !
Dans l’attente d’une réaction
de votre part et en vous en remerciant par avance, je vous prie,
monsieur le Ministre, d’accepter mes salutations perplexes.
|