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Dissertation créole 4

Questions de l'oral.
  2éme Partie

    

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par Raphaël CONFIANT
 
 
 
 

Sommaire

EXISTE-T-IL DES CLASSES SYNTAXIQUES EN CREOLE?

QU’EST-CE QUE L’AMENAGEMENT LINGUISTIQUE?

QU’EST-CE QUE L’INSECURITE LINGUISTIQUE?

PERIODISATION DE LA LITTERATURE CREOLE

«ATIPA» D’ALFRED PAREPOU EST-IL UN ROMAN?

QU’APPELLE-T-ON LES VERBES SERIELS?

FAUT-IL PARLER « DU » CREOLE OU « DES » CREOLES?

POURQUOI NAPOLEON FIT-IL REDIGER DES PROCLAMATIONS EN CREOLE?

DE QUAND DATE LE THEATRE EN CREOLE DANS LES PETITES-ANTILLES?

EXISTE-T-IL UNE FORME PASSIVE EN CREOLE?

QU’APPELLE-T-ON UNE « CHANSON DE COCOTTES »?

QU’APPELLE-T-ON LA « DEVIANCE MAXIMALE »?

QUELLE EST L’ORIGINE DU MOT « BEKE »?

COMMENT WLADIMIR PROPP ANALYSE-T-IL LES CONTES?

QU’EST-CE QUE L’ACADEMIE CREOLE ANTILLAISE?

QUE SAVEZ-VOUS DE L’HISTOIRE DE LA GRAPHIE DU CREOLE?

QUELLES SONT LES CAUSES DE L’EFFONDREMENT DU SYSTEME DE L’HABITATION A PARTIR DU MILIEU DU 20è SIECLE?

QU’EST-CE QUE LA DIGLOSSIE?

 
 
 

FICHES CAPES DE CREOLE (Linguistique)

EXISTE-T-IL UNE FORME PASSIVE EN CREOLE?

Pour répondre à cette question, il importe de savoir quel niveau lectal on examine: en effet, s’il apparaît que le passif agentif, forme la plus remarquable du passif, n’existe pas en créole basilectal, il n’en va pas de même en créole acrolectal dans lequel on peut fort bien entendre:

Dèvwa-tala té ba pa/par pwofésè anglé a/la (Ce devoir a été donné par le professeur d’anglais).

Il faut remarquer d’abord qu’en français, contrairement à l’anglais, la forme passive est très peu utilisée à l’oral et quand elle l’est, c’est parce que le locuteur veut connoter son message, par exemple lui donner un aspect ironique ou, dans d’autres cas, hautain. En français, le passif est surtout une forme écrite. Mais qu’est-ce que le passif? Il s’agit d’une transformation de la phrase par déplacement du groupe nominal objet pour l’amener en position de sujet (Dèvwa-tala dans notre exemple) tandis que le groupe nominal sujet se déplace à droite du groupe verbal (pwofésè anglé a/la dans notre exemple) et se voit précéder de la préposition (pa/par) introduisant le complément dit d’agent.

Pourquoi le passif agentif, même en créole acrolectal où il peut apparaître de manière très épisodique, ne fonctionne pas en créole? C’est parce que le groupe nominal, en particulier lorsqu’il est sujet, semble avoir une place assignée dans la phrase créole et n’est pas doué de la mobilité qu’il possède en français ou en anglais. Cela n’a rien d’étonnant dans une langue où tous les mots sont pratiquement invariables, la fonction de chacun est naturellement indiquée par sa place, d’où la rigidité de l’ordre des mots ou plus exactement, les restrictions quant aux transformations de déplacement.

Toutefois, le passif existe bel et bien en créole sous les 3 formes non agentives suivantes:

  1. Poul-la manjé dépi dé jou. (La poule a été mangée depuis deux jours).
    Remarque: on a affaire ici à l’aspect accompli c’est-à-dire que l’action a été faite, qu’elle n’est pas en train de se faire. On voit bien aussi que la phrase ne comporte pas d’agent (= celui ou celle qui a mangé la poule).
  2. Liv-tala ka li adan dé zè (Ce livre se lit en deux heures).
    Remarque: la phrase comporte un « ka » qui n’a pas une valeur de non-accompli, de progressif comme dans Mwen ka manjé mais une valeur habituelle ou générique Mwen ka manjé pen chak bomaten (Je mange du pain chaque matin). Mais ce deuxième type de passif non agentif (il n’indique pas «qui» lit le livre) présente une certaine forme d’instabilité. En effet, certains verbes l’admettent alors que d’autres le bloquent. Ex. Kribich ka péché adan riviè. (Les écrevisses se pêchent en rivière) est difficilement acceptable en créole.
  3. Ce passif est en rapport avec les verbes dits «neutres ». Ex. Fouyapen-an ka tjuit (Le Fruit à paint cuit). Autres verbes de ce type: bouyi, brilé, tiédi etc…Ici, par contre, «ka» a une valeur d’inaccompli, de progressif.

Conclusion:

Ces trois passifs créoles présentent une caractéristique commune: l’agent a une valeur indéterminée (agent = celui qui fait l’action).
 

FICHES CAPES DE CREOLE (Littérature)

QU’APPELLE-T-ON UNE « CHANSON DE COCOTTES »?

La chanson de cocotte est une chanson en créole (ou plus rarement en français créolisé) qu’écrivait les Blancs créoles à l’époque esclavagiste, notamment à Saint-Domingue. L’exemple le plus connu est Lisette quitté la plaine (1757) de Duvivier de la Mahautière, conseiller à la cour de Port-au-Prince (= magistrat donc) mais on a retrouvé en Louisiane, pays où a fui une grande partie des Békés chassés de ce pays par la révolution de Toussaint-Louverture et Dessalines, un recueil de ces chansons, sans nom d’auteur, intitulé Idylles et chansons de Saint-Domingue. Dans les Petites Antilles, on connaît surtout le fameux Adieux foulards, adieux madras! (1769) attribué à Bouillé, gouverneur de la Guadeloupe à l’époque.

Quelles sont les caractéristiques des «chansons de cocottes»? Tout d’abord, elles s’inscrivent toutes dans le registre soit amoureux soit grivois et sont à mettre en rapport avec le phénomène des mulâtresses qui servaient de maîtresses aux riches Békés, femmes que l’on appelait matadò ou titàn à la Martinique. Pendant l’esclavage, ces femmes qui résidaient surtout dans les villes, appartenaient au groupe des «hommes de couleur libres» et vivaient donc de leurs charmes, sans être vraiment des prostituées. Elles étaient attachés à tel ou tel Béké qu’elles hésitaient rarement à lâcher pour celui d’entre eux qui leur offrait plus d’argent ou une meilleure position. A cette époque où les femmes blanches étaient peu nombreuses, l’idéal de beauté, fortement sexualisé, était celui de la «belle mulâtresse sensuelle et lascive au teint de sapotille», toujours disponible pour le Blanc. Cette idéologie a finit par donner, dans la deuxième moitié du 19è siècle, les premiers ouvrages érotiques créoles, écrits par des Békés, dont les plus connus sont Les nuits chaudes du Cap Français de Hugh Rebell et surtout le très connu en France Nuits d’orgie à Saint-Pierre de Effe Géache.

Autre caractéristique: ces chansons voyageaient à travers l’archipel des Antilles sous forme écrite puisqu’il n’existaient ni magnétophone ni radio ou télévision et prenaient progressivement la forme de poèmes. Elles figurent donc tout normalement comme les tout premiers textes écrits en créole ayant une vocation littéraire. Ainsi Lisette était chanté et lu à la Martinique où elle devint Nizette.

Enfin, les Békés ne se mettaient pas en scène à travers ces chansons et les personnages évoqués étaient toujours des hommes de couleur. Dans celle de Duvivier de la Mahautière est évoqué le chagrin d’amour d’un esclave noir pour sa belle qui l’a quittée. Quand on sait qu’hommes noirs et femmes noirs vivaient séparés pendant l’esclavage, qu’il n’y avait pas de mariage d’esclaves, que la notion de «couple» était remplacée par celle d’ «accouplement» à travers l’institution de l’étalon noir chargé de monter les négresses pour augmenter le cheptel humain des maîtres et que la pénibilité du travail dans les champs de canne rendait impossible la naissance et le développement d’idylles entre Noirs, on mesure toute l’ironie qu’il y avait derrière de tels textes. C’était aussi un moyen pour certains Békés délaissés par leur «cocotte» d’exprimer leur tristesse ou leur ressentiment à l’égard de cette dernière, cela dans un idiome qui était censé être celui des seuls esclaves c’est-à-dire d’êtres considérés comme inférieurs.
 

FICHES CAPES DE CREOLE (Sociolinguistique)

QU’APPELLE-T-ON LA « DEVIANCE MAXIMALE »?

La théorie dite de la «déviance maximale» a été élaborée au milieu des années 70 par Jean Bernabé. Elle s’inscrit dans une volonté de construire une langue littéraire créole libérée de ses attaches avec la langue créole orale d’une part et non inféodée d’autre part à l’écrit français. En fait, il s’agit d’aboutir à une forme de créole la plus «déviante» par rapport au français, la plus différente de lui. Comment Bernabé s’y prend-t-il? Tout d’abord, il constate que le créole basilectal, tout en étant assez différent du français, comporte, à cause de la situation de diglossie de nombreux traits directement empruntés au français, cela à tous les niveaux (phonologique, lexical, syntaxique etc…). Par exemple, au niveau phonologique, on peut parfois entendre dans un énoncé en créole «vieux-nègre» ou basilectal certaines voyelles arrondies du français (eu, e etc…) pour peut que le locuteur se trouve dans une situation où il se sent obligé de montrer qu’il n’est pas un bitako/boloko. Il pourra dire:

Chumiz (an) mwen té mouyé au lieu de Chimiz (an) mwen té mouyé.

Au niveau lexical, il pourra dire li au lieu de kabann et au niveau syntaxique, employer le comparatif de supériorité français comme dans Jizel pli bel ki Liza au lieu du comparatif de supériorité créole Jizel bel pasé Liza. D’autre part, à cause de la «compétence à trous» (J. Bernabé, 1976) de l’immense majorité des créolophones, il est rare qu’un locuteur utilise le créole basilectal de bout en bout c’est-à-dire tout au long d’une conversation. La compétence à trous est le fait pour certains locuteurs de connaître certaines formes lexicales ou syntaxiques que ne connaissent pas d’autres locuteurs et inversement. Aucun locuteur ne maîtrise l’ensemble des formes basilectales, y compris les créolophones unilingues même si ces derniers en sont plus proches que les diglottes.

Fort de ce constat, Jean Bernabé propose de faire le recensement de toutes ces formes déviantes et de les mettre ensemble lorsqu’on voudra écrire en créole. En bref , à l’écrit de toujours privilégier, à tous les niveaux, la forme (phonologique, lexicale ou syntaxique) la plus déviante par rapport au français. Le résultat est certes un créole artificiel, que Bernabé qualifie de «créole savant», mais c’est le lot de toutes les langues écrites. Il existe même des langues dans lesquelles l’écrit est si différent de l’oral que les locuteurs non scolarisés ne comprennent pas les discours radiophoniques ou télévisés: c’est le cas du grec ou de l’arabe.

Mais la déviance maximale ne se limite pas à mettre ensemble des formes déviantes attestées dans la langue ni à privilégier des archaïsmes: elle consiste aussi à innover en créant des néologismes à partir de racines créoles déjà existantes. Et là se manifeste la volonté de se libérer de l’emprise du français écrit et le refus de lui emprunter des mots à tours de bras. Ainsi lorsque Bernabé invente Majolay à partir de majolè (conteur) en utilisant le procédé de la suffixation ou Larel-lidé (idéologie) en utilisant le procédé de la juxtaposition, il refuse du même coup la facilité de l’emprunt au français qui aurait donné dans le premier cas oraliti et dans le second idéyoloji.

Evidemment, cette langue savante choque les lecteurs non avertis et risque de creuser un fossé, comme en arabe, entre créole oral et créole écrit si des garde-fous ne sont pas mis à cette entreprise véritablement prométhéenne. C'est pourquoi, en 2001, J. Bernabé a remplacé le concept de «déviance maximale» par celui de «déviance optimale» lequel ne repose plus sur un rejet systématique des formes jugées trop proches du français.
 

FICHES CAPES DE CREOLE (Linguistique)

QUELLE EST L’ORIGINE DU MOT « BEKE »?

Désignant en Martinique, à Sainte-Lucie et à Trinidad les Blancs créoles des Antilles, le mot «Béké » a une origine controversée. Certains y voient la déformation d’un ordre que donnaient les premiers colons à leurs esclaves noirs: «Bêchez! Bêchez!». D’autres, tournés vers l’Afrique, découvrent ce mot dans certaines langues de l’Afrique de l’Ouest où il signifie «Homme rouge». On sait, en effet, que dans beaucoup de ces langues, les Européens sont désignés par le mot « Rouge » et non le mot «Blanc», sans doute à cause de l’empourprement de leur teint dû au climat tropical.

Aucune de ces étymologies ne semble satisfaisante, ce qui est d’ailleurs le cas d’un nombre considérable de mots créoles auxquels ont peut attribuer tant une origine européenne qu’africaine. Ainsi agoulou (vorace) vient-il:

  • du français goulu ou au contraire
  • du kikongo n’goulou qui signifie cochon?

Chantal Claverie, dans sa thèse de doctorat intitulée Le mythe d’Ariel--la figure du Mulâtre dans la société de plantation (1998), suggère une piste très intéressante quoique non vérifiable. Elle rappelle d’abord que toutes les désignations raciales concernant les mélanges Blanc/Noir comporte une racine animale:

  • mulâtre vient de « mulet ».
  • chabin désigne en Normandie une variété de moutons au poil roux.
  • grif vient de « griffon », animal mythologique aux pieds fourchus.
  • câpre et câpresse vient de caprin/chêvre etc…

D’autre part, elle note que dans le parler normand, d’où provient une grande partie du vocabulaire du créole, on trouve:

  • béquet qui signifie «petit du bouc» soit «biquet» en français standard.

En rapprochant donc ce «béquet» de mulâtre, chabin, câpre etc…et du processus d’animalisation des désignations raciales dans les Antilles, durant la période esclavagiste, C. Claverie en conclut que:

  • béké provient de «béquet ».

Toutefois, si l’on comprend pourquoi les métis Blancs/Noirs étaient animalisés (ne provenaient-ils pas tous du ventre d’une femme noire c’est-à-dire d’une créature qui n’était pas considérée comme un être humain?), il est difficile, aussi séduisante soit l’hypothèse de C. Claverie, d’expliquer pourquoi il en irait de même du mot désignant les Blancs puisqu’ils étaient les maîtres, les supérieurs.

Ces controverses sur l’origine du mot «béké», qui se retrouvent à propos de bon nombre de mots créoles, démontre une fois de plus que le lexique est bien l’auberge espagnole de toute langue: les mots y entrent et en sortent sans qu’on puisse contrôler ce mouvement et leur origine est rarement certaine lorsqu’ils ne sont pas des mots savants (pour les mots savants, on peut décider de façon sûre de leur étymologie: ex. logos en grec qui donne logique en français; socius en latin qui donne société; al zibra en arabe qui donne algèbre etc…).
 

FICHES CAPES DE CREOLE (Anthropologie)

COMMENT WLADIMIR PROPP ANALYSE-T-IL LES CONTES?

Wladimir Propp est un savant russe qui, en 1928, dans son ouvrage Morphologie du conte, fut le premier à proposer une analyse scientifique des contes merveilleux. Sa méthode, dite «structurale», est applicable, avec certains réajustements, à l’ensemble des contes du monde et donc aux contes créoles. Le premier mérite de Propp est de récuser l’analyse et surtout la classification des contes selon leur sujet (/thème) ou leurs personnages. Pour remplacer cette dernière, il met en avant la notion de «fonction» qu’il définit comme suit:

«Par fonction, nous entendons l’action du personnage, définie du point de vue de sa signification dans le déroulement de l’intrigue».

Et Propp de montrer trois choses:

  1. Les invariants des contes (= ce qui ne change pas) sont les fonctions.
  2. Les variables (= ce qui change) sont les sujets (/thèmes) ou les personnages.
  3. Les fonctions sont en nombre limité quels que soient les contes envisagés.

La notion de fonction est un acquis indéniable de la narratologie moderne (narratologie = étude du récit). C’est pourquoi la classification des contes créoles que l’on trouve dans la plupart des ouvrages qui lui sont consacré est erronée. Par Exemple, Ina Césaire, dans son livre Contes de vie et de mort aux Antilles, continue à les classer en 5 groupes selon ce qu’elle croit être leur thème principal:

  • Les contes sorciers.
  • les contes érotiques.
  • les contes d’animaux.
  • les contes humoristiques.
  • la geste de Ti Jean L’Horizon.

Ce genre de classification masque le fait que, par exemple, dans les contes d’animaux, on trouve souvent beaucoup de merveilleux (/sorcier) ou encore dans les contes érotiques, l’humour est parfois tout aussi présent que l’érotisme. C’est pourquoi Propp identifie 31 fonctions dans les contes, celles-ci s’enchaînant entre elles du début à la fin. Deux remarques toutefois: les contes ou l’on trouve la totalité de ces fonctions sont rares; les 8 premières fonction sont dites «facultatives». En fait, la plupart des contes commencent avec la Fonction 8A telle qu’elle est définie par la méthode de Propp à savoir la fonction MANQUE. Cette dernière semble être le moteur de la narration dans les contes car c’est à partir d’elle que s’enclenche le récit.

Exemple de «Manque»: famine dans le pays, mort du père, insatisfaction du héros quant à sa situation etc…

Voici les principales fonctions suivantes:

  • Fonction «Mandatement du héros» (9): quelqu’un demande au héros de trouver une solution au manque, il le mandate. En cas de famine, c’est le père qui peut inciter son fils aîné à partir à la chasse ou en cas de décès du père, c’est la mère qui peut demander à son fils d’aller à la ville ou dans un autre pays pour gagner de l’argent.
  • Fonction «Début de l’action réparatrice » (10): le héros prend sa décision, il se résoud, par exemple, à partir.
  • Fonction «Départ du héros» (11): le héros quitte le domicile familial.
  • Fonction «Mise à l’épreuve du héros» (12): le héros rencontre un diable ou un géant sur sa route.
  • Fonction «Affrontement de l’épreuve » (13): le héros se bat avec son adversaire lequel est appellé l’opposant dans la théorie de Propp.
  • Fonction «Réception de l’objet magique » (14): le héros reçoit, par exemple, une épée magique ou un talisman des mains d’un personnage appelé adjuvant (= qui aide).
  • Fonction «Voyage du héros» (15): le héros fait un long périple, traverse de nombreux pays.
  • Fonction «Combat du héros» (16): le héros affronte un nouvel opposant, cette fois-ci son principal adversaire.
  • Fonction «Héros marqué» (17): le héros est «marqué» et s’empare d’une partie de son adversaire (ses bras ou sa tête, par exemple).
  • Fonction «Victoire» (18): le héros terrasse son adversaire.
  • Fonction «Réparation du manque» (19): le héros regagne le domicile familial et répare le manque initial. Par exemple, l’or qu’il ramène permet à sa famille de vivre à l’aise.

On trouve encore 11 onze autres fonctions mais tout comme les 8 premières, elles sont facultatives. Le noyau du conte fonctionne donc autour des 12 fonctions que l’on vient de décrire. ON RETROUVE CES FONCTIONS DANS TOUS LES CONTES et l’on comprend pourquoi Propp récuse la classification des contes par thème ou d’après les personnages. En effet, ces fonctions sont valables quelles que soient le thème particulier du conte (histoire de sorcier, histoire érotique, histoire humoristique etc…) et quels que soient les personnages (le héros peut être un enfant, un homme, une jeune fille, un prince, un bandit etc…).
 

FICHES CAPES DE CREOLE (Littérature)

QU’EST-CE QUE L’ACADEMIE CREOLE ANTILLAISE?

L’A.C.R.A. ou Académie Créole Antillaise fut fondée à la fin des années 40 par un groupe d’intellectuels guadeloupéens parmi lesquels on trouve Rémi Nainsouta, Bettino Lara, Gilbert de Chambertrand et Germain William. Elle connue son heure de gloire dans les années 50-60 au cours desquelles elle entreprit un important travail de collecte et de publications de proverbes, de chansons et de contes créoles. Gilbert de Chambertrand, le plus talentueux des «Acradémiciens» comme ils se nommaient eux-mêmes (preuve qu’ils ne se prenaient pas trop au sérieux), publia et fit jouer plusieurs textes théâtraux en créole ou dans les deux langues en même temps dont le célèbre Mi yo! qui connut un grand succès de scène. Il est également l'auteur d'un intéressant recueil de nouvelles humoristiques en créole intitulé Dis bel kont avan siklon. Les autres membres de l’Académie s’intéressèrent surtout à la poésie, en particulier Nainsouta qui, sous le pseudonyme de Cé Yvandoc, publia des poèmes assez remarquables. Toutefois, on notera que si les acradémiciens déclarèrent rechercher un art poétique créole, ils demeurèrent assez rivés aux normes poétiques européennes. Les règles de l’art poétique créole qu’ils définissent s’alignent sur celles du sonnet à l’européenne avec un nombre de pieds précis par vers (octosyllabe ou alexandrin), avec des rimes et des strophes de quatre vers. L’ACRA semble obnubilée par le fait que la poésie créole doive respecter des règles et pour elle, ces règles ne peuvent être que celles de la poésie française.

Il y a là un paradoxe qui n’est pas si étrange que cela. En effet, ce mouvement est très représentatif de la petite-bourgoisie mulâtre du milieu du 20è siècle pour laquelle le Guadeloupéen possède deux patries: une grande patrie qui est la France et une petite patrie qui est la Guadeloupe. Il faut donc protéger la langue de la petite patrie à savoir le créole tout en vénérant celle de la grande à savoir le français. Au contraire, en Martinique, à la même, triomphait le mouvement de la Négritude, sous la houlette d’Aimé Césaire, mouvement qui était un rejet virulent des valeurs judéo-chrétiennes et du classicisme littéraire européen. Césaire rejète alexandrins, rimes, strophes, sonnets etc…et prétend faire «entendre le grand cri nègre» à travers ses poèmes. Césaire prétendit même «négrifier» la langue française mais il ignora le créole. L’ACRA a donc une idéologie régionaliste tandis que la Négritude a une idéologie universaliste puisqu’elle veut rassembler tous les Noirs du monde sous la même bannière.

Dans les années 70, longtemps après que l’académie eut cessé de fonctionner, suite au décès successifs de ses membres, Germain William continua à lui donner vie à travers des conférences qu’il donnait à Basse-Terre sur divers thèmes de société (la violence routière, le quimbois etc…), cela dans un excellent créole. Ces conférences ont été publiées sous forme de fascicules indiquant comme nom d’éditeur l’ACRA. Les plus célèbres sont intitulées Lanmò si chimin et I ja ka ta.

L’existence de l’ACRA témoigne du fait que la petite-bourgeoisie guadeloupéenne a toujours été moins hostile à la langue créole que sa consoeur martiniquaise.
 

FICHES CAPES DE CREOLE (Linguistique)

QUE SAVEZ-VOUS DE L’HISTOIRE DE LA GRAPHIE DU CREOLE?

N’étant pas considéré comme une langue, le créole, lorsqu’il commença à être écrit vers le milieu du 18è siècle par les Blancs créoles, personne ne songea à le doter d’une graphie propre. Vécu comme un patois français, il était tout naturel qu’on lui appliquât l’orthographe de cette langue: c’est ce que les créolistes appellent la graphie étymologique. Celle-ci n’a jamais été définie dans un ouvrage quelconque ni théorisée et c’est pourquoi il faut parler de plusieurs graphies étymologiques. D’ailleurs, chez un même auteur, on note souvent une sorte d’instabilité graphique dans la mesure où le même mot peut se retrouver écrit de manière différente dans un même texte. Ces graphies étymologiques furent utilisées de 1757 (de Lisette quitté la plaine) à 1885 (Atipa). Le roman du Guyanais Alfred Parépou marque un tournant dans la graphie du créole dans la mesure où cet auteur est le premier à s’écarter quelque peu des graphies étymologiques. Sans définir de système, on note chez lui une double pratique:

  • il note tous les mots d’origine visiblement française avec l’orthographe du français: par exemple, il écrit chimise qu’il sait provenir du français chemise.
  • il note tous les mots d’origine amérindienne, africaine ou non identifiés avec une graphie phonétique: par exemple, il écrit kiwawa qui signifie verre de rhum là où une stricte graphie étymologique aurait noté quiwawa.

Un demi-siècle plus tard, en Guadeloupe, dans les années 50 du 20è siècle donc, l’ACRA (Académie Créole Antillaise) tentera, à son tour, de définir une graphie spécifique au créole laquelle graphie reposera comme pour Parépou sur un mélange d’étymologisme et de phonétisme mais certains de ses choix dérouteront les scripteurs (par exemple qi pour ki) et elle ne sera guère utilisée au-delà du petit cercle des acradémiciens. Il fallut attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour voir apparaître en Haîti un système entièrement phonétique dû à deux pasteurs protestants américains, McConnell et Laubach, venus évangéliser les Haïtiens. Ne connaissant pas le français et voulant traduire la Bible en créole, c’est tout naturellement qu’ils élaborèrent un système qui n’entretenait aucun rapport avec l’orthographe du français. Ce système mit beaucoup de temps à s’imposer en Haïti, la bourgeoisie y étant très attachée à la langue et à la culture françaises.

Au milieu des années 70, un nouveau pas est franchi avec Jean Bernabé qui améliore la graphie phonétique en y introduisant la nécessaire réflexion sur ce qu’il appelle la syntaxe graphique: il ne s’agit plus de noter des phonèmes isolés, chose que permet facilement le système McConnel et Laubach mais de réfléchir aussi au découpage des mots en créole. Comment écrire met-a-manyok, par exemple? En un seul mot: metamanyok, en trois mots séparés par deux traits d’union: met-a-manyok ou en trois mots sans traits d’union: met a manyok. Bernabé opère la première vraie réflexion sur ces questions et met sur pied un système, désormais connu sous le nom de système-GEREC ou graphie-GEREC qui connaîtra pendant 30 ans un succès considérable dans les Petites Antilles et en Guyane. C’est à l’heure actuelle la graphie utilisée par près de 80% des textes publiés en créole dans ces pays. Récemment, en 2001, Jean Bernabé proposera de légères modifications à son système qui s'appelle désormais le NSG ou nouveau Standard-GEREC. Ces modifications sont dues aux observations qui ont pu être faites quant à l’utilisation du Système-GEREC pendant 30 ans par le grand public (artistes, publicitaires, religieux etc…).

A côté de ce système existe la graphie morphologique dûe à Guy et Marie-Christine Hazaël-Massieux, enseignants de linguistique à l’Université d’Aix-en-Provence. Ce système, largement phonétique, tente toutefois de conserver un certain lien, morphologique justement, entre le créole et le français. Il récuse le phonétisme intégral de la graphie du GEREC-F. Par exemple, là où le GEREC-F écrit won (rond), le système-Hazaël-Massieux écrit wond en conservant le d morphologique et en le justifiant par le fait qu’à partir de wond, on obtient wondi (s’arrondir). Ce système, assez complexe, demande une certaine connaissance de l’orthographe française. Le problème c’est qu’il n’a jamais été utilisé dans aucun ouvrage et ne figure que dans les écrits scientifiques de ses deux auteurs.

Enfin, toujours en Guadeloupe, l’abbé Colbach a proposé, dans les années 80, un système sténographique c’est-à-dire utilisant les signes de la sténographie, système d’écriture permettant de prendre des notes rapidement. Outre, le fait que ces signes sont compliqués, la sténographie a aujourd’hui totalement disparue, remplacée par l’ordinateur vocal, l’Internet etc…Le système Colbach n’a été utilisé que dans un seul ouvrage, le recueil de poèmes du Guadeloupéen Théogène Alyénus, Ranboulé (1987), ceci côte à côte avec le système-GEREC.
 

FICHES CAPES DE CREOLE (Histoire)

QUELLES SONT LES CAUSES DE L’EFFONDREMENT DU SYSTEME DE L’HABITATION A PARTIR DU MILIEU DU 20è SIECLE?

Si le système de l’Habitation s’est effondré à la fin des années 60 du XXè siècle, les causes sont à rechercher loin en arrière. En effet, dès le milieu du siècle précédent, ce système était entré en crise et c’est pourquoi l’abolition de l’esclavage en 1848 résulte moins de la générosité de philanthropes européens comme Victor Schoelcher que de l’inefficacité économique progressive du système esclavagiste. En bref, à partir du milieu du XIXè siècle, l’esclavage n’est plus rentable pour diverses raisons:

  • la fin de la Traite fait que les habitations sont désormais peuplées de Nègres créoles, plus rétifs que les Nègres bossales (= arrivés d’Afrique) et moins durs à la tâche.
  • l’habitation ne se modernise pas du point de vue de ses outils et de ses méthodes de travail. Elle devient un système archaïque du point de vue technologique et repose presqu’entièrement sur des travailleurs non qualifiés.

Malgré l’abolition de l’esclavage et la transformation des esclaves en salariés agricoles, le système ne change pas sur l’habitation. La modernisation technologique touche surtout les usines à sucre et les distilleries dans la deuxième moitié du XXè siècle. On aboutit donc à un système bancal: en amont, l’habitation cannière avec ses méthodes archaïques et sa rentabilité médiocre; en aval, un outil industriel qui n’a rien à envier à l’Europe mais qui est lui aussi peu efficace parce qu’il est entièrement dépendant de l’habitation qui le fournit en cannes. Il faut ajouter à cela la concurrence du sucre de bettrave beaucoup moins cher à produire et se trouvant déjà sur le marché métropolitain alors que le sucre de canne subit de lourdes charges de transport. A la fin du XIXè siècle, on peut dire que le système de l’habitation entre dans une crise majeure dont il ne se relèvera jamais.

Il connaîtra un bref regain de vigueur grâce à la Première Guerre Mondiale (14-18) parce que la France importera des quantités astronomiques de rhum. Dans les tranchées, le rhum sert de réchauffant, de médicament contre la grippe, d’anesthésiant pour opérer les blessés etc…Les Békés constitueront des fortunes colossales sans se rendre compte que cette richesse soudaine est due à un événement fortuit et éphémère (la guerre) et non à une conquête réelle du marché français. D’ailleurs, cette guerre profitera essentiellement au rhum et presque pas au sucre.

Et, dès 1932, ce sera le coup de grâce: les bouilleurs de cru métropolitains ( = fabricants de vin) s’élèveront contre l’envahissement du marché par le rhum et exigeront du gouvernement qu’il prenne une loi pour le «contingenter» c’est-à-dire en limiter l’accès sur ce même marché. Cette loi, dite du «contingentement», fixera désormais la quantité de rhum que les Antilles seront autorisées à exporter sur le marché français sans payer de taxes. Tout ce qui y sera exporté en plus paiera une lourde taxe et de fait, ne pourra pas concurrencer le vin. Les plus gros distillateurs (Békés pour la plupart) vont s’accaparer du volume de rhum exportable sans taxes et vont laisser le surplus aux moyens et petits distillateurs (Mulâtres) lesquels vont rapidement faire faillite. Dès 1938, la plupart des distilleries «mulâtres» sont en perdition et après la Deuxième Guerre Mondiale seule une petite dizaine parviendra à survivre. Dès la fin des années 50, il ne reste plus qu’une seule distillerie « mulatre », la distillerie Neisson au Carbet.

Mais si les Békés parviennent à sauver «leur » rhum, la crise du sucre de canne va continuer à s’aggraver pour deux raisons:

  • la syndicalisation grandissante des ouvriers agricoles et les grèves à répétition en début de récolte provoqueront des hausses successives, quoique modestes, de salaire.
  • l’obsolescence des méthodes de fabrication du sucre et son prix de vente élevé sur le marché métropolitain entraîneront son éviction inexorable par le sucre de bettrave.

A la fin des années 60, le sucre ne survit plus que grâce aux subventions incessantes du gouvernement et des collectivités locales et la plupart des sucreries vont fermer une à une. Cela provoquera un exode rural important et le gonflement subit des conurbations Lamentin-Fort-de-France en Martinique et Pointe-à-Pitre-Abymes en Guadeloupe. Une seule usine demeurera en Martinique et l’essentiel des terres plantées en canne se métamorphoseront en bananeraies. En Guadeloupe, à cause du terrain plat et facilement mécanisable en Grande-Terre, la canne résistera un peu mieux mais seules deux sucreries parviendront à résister, l’une sur le continent, l’autre à Marie-Galante. Aujourd’hui déficitaires, elles survivent grâce aux aides de l’Etat.

On peut donc conclure en disant que l’effondrement du système de la plantation date d’au moins un bon siècle et que les causes principales en sont son archaïsme technologique, la non rentabilité de ses productions et la concurrence sévère du sucre de bettrave.
 

FICHES CAPES DE CREOLE (Sociolinguistique)

QU’EST-CE QUE LA DIGLOSSIE?

La notion de diglossie est née sous la plume du sociolinguiste américain Ferguson dans un article intitulé justement «Diglossi» paru dans la revue Word en 1959. Depuis, cette notion a connu une fortune considérable, d’abord chez les sociolinguistes catalans, puis occitans et enfin les créolistes. La diglossie s’oppose au bilinguisme dans la mesure où la première affecte des communautés alors que le second réfère à des individus particuliers.

Selon Ferguson donc, il existerait une distribution complémentaire pacifique entre la «langue haute », le français aux Antilles ou l’arabe classique au Maghreb, et la «langue basse», le créole ou l’arabe dialectal. Très vite, on s’est aperçue que cette définition manque l’essentiel de la situation diglossique à savoir le conflit linguistique opposant deux idiomes au sein d’un même écosystème.

Des occitanistes comme Robert Lafont, des catalanistes comme Ninyolès, des créolistes comme Valdman et Bernabé affineront la notion de diglossie en y faisant entrer cette dimension conflictuelle. Derek Bickerton, spécialiste du créole à base lexicale anglaise du Guyana, sera le premier, en 1973, à introduire pole intermédiaire entre la langue haute (qu’il nomme acrolecte) et la langue basse (qu’il nomme basilecte). A ce pôle intermédiaire, il donnera le nom de mésolecte en le définissant comme la zone de contact entre les deux langues. D’autres nomment aussi cette zone l’interlecte.

Jean Bernabé sera le premier, en 1978, à distinguer entre le champ central de la diglossie et le champ périphérique. Cette distinction permet de confirmer qu’Haïti vit bien une situation de diglossie, chose qu’avait contestée en 1979 le linguiste haïtien Yves Dejean. Selon ce dernier, 95% de la population d’Haïti ignore le français et n’utilise que le créole, ce qui fait qu’il est faux de parler de diglossie, le français n’étant utilisé - et encore principalement à l’écrit! - que par 5% d’habitants aisés des grandes villes comme Port-au-Prince ou Le Cap. Pour Bernabé au contraire, il ne saurait y avoir d’étanchéité entre zone rurale et zone urbaine en Haïti, d’autant que c’est la zone urbaine qui détient le pouvoir et diffuse donc des modèles langagiers qui vont s’infiltrer peu à peu dans la zone rurale, cette considérablement plus peuplée mais ne détenant aucun pouvoir. Les zones rurales haïtiennes figurent donc le champ périphérique de la diglossie tandis que les zones urbaines en représentent le champ central. Cela permet à Bernabé de donner l’une des toutes premières définitions de la notion de décréolisation: cette dernière consistant en une absorption progressive du champ périphérique de la diglossie par le champ central.

En 1980, L-F. Prudent postulera l’existence d’une zone intermédiaire, l’interlecte, qui n’obéit ni au basilecte ni à l’acrolecte alors que le mésolecte de Bickerton y voyait surtout une zone flottante, entièrement dépendante de l’un ou l’autre pôle selon les circonstances. Jean Bernabé récuse fort justement l’idée d’une zone interlectale coupées de toute référence aux réalités polaires qui la constituent comme intermédiaire. Allant plus loin, Bernabé identifiera non plus 2 poles + une zone intermédiaire comme tous les créolistes l’avaient fait jusque là mais plutôt un système à 4 niveaux reliables deux à deux:

Français standard/français créolisé d’une part; créole basilectal/créole francisé de l’autre.

Il n’y aurait donc pas 1 continuum allant de l’acrolecte au basilecte en passant par le mésolecte mais bien 2 continuum articlés autour d’un discontinuum, la frontière passant entre le français créolisé et le créole francisé. C’est ce que J. Bernabé appelle le modèle continuum-discontinuum. On constate que sa théorie s’oppose à celle de Bickerton dans la mesure où cette dernière occulte le basilecte français ( = français créolisé) et l’acrolecte créole ( = le créole francisé) en les noyant en quelque sorte dans la notion vague de «mésolecte ». Le modèle de Bernabé n’est pas, comme on pourrait le croire, un système figé: les 4 niveaux qu’il repère sont agités en permanence par ce que l’on pourrait appeler des «turbulences linguistiques » selon les locuteurs considérés. Les compétences de ces derniers étant fort diverses et surtout hiérarchisées (selon leur classe sociale, leur niveau scolaire etc…), il apparaît très clairement que si la diglossie frappe l’ensemble des locuteurs des sociétés créoles, elle se manifeste de manière très différente selon le locuteur considéré.
 

 
 
 
 
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