Kapes Kréyol

Site d'information du CAPES de créole (Sous-domaine du site Potomitan)
(Certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré)

La société d'habitation: une civilisation historique

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Vincent HUYGHUES BELROSE

Cours 4

4. HABITATIONS ET HABITANTS

4.1. QU’EST-CE QU’UNE HABITATION ?
4.2. L’ARCHÉOLOGIE DE L’HABITATION
4.3. LA TRADITION DES PREMIERS DÉFRICHEURS
4.5. LA CHAPELLE LE FORT ET LA MILICE
4.4. LES COMPAGNIES DE COMMERCE
4.5. L’ADMINISTRATION ROYALE

Qu'est-ce qu'une habitation ?

Habitation est un terme employé depuis les débuts de la colonisation française en Amérique et dans l'océan Indien pour désigner, d'abord, un lieu de résidence permanent avec exploitation agricole.

Aux débuts de l'établissement, l'habitation est matérialisée par un ouvrage défensif, souvent édifié en terrain plat et non rocheux, formé par un fossé, un rempart de terre couronné par une palissade de pieux jointifs. L'usage de ces retranchements en terre garnis de palissade, antérieur aux châteaux en pierres qui cessent d'être construits en Europe à la fin du XIIe siècle, est une survivance qui se maintient jusqu'au XIXe siècle sur les fronts pionniers de colonisation européenne. Il faut que la palissade soit un obstacle suffisant pour empêcher un homme de l'escalader, soit à pied, soit depuis un cheval. Cela conduit à une hauteur minimale de 2,5 à 3 m.

Le terme habitation est indiscutablement français, sans doute d'usage provincial (Normandie), puisqu'on le retrouve employé partout où se fait l'implantation française, avant la genèse du créole. En Haïti particulièrement, l'habitation demeure la plus petite unité pratique de vie et de reconnaissance sociales pour le paysan qui demandera à celui qu'il ne connaît pa: Ki bitation ou soti? (de quelle habitation es-tu?). En Louisiane, le terme est synonyme de propriété agricole1.

A la fin du XIXe siècle, sous l'influence de la littérature nord-américaine, le terme anglo-saxon plantation s'est substitué au terme français "habitation". Mais s'il est vrai que le mot anglais désigne d’abord, de façon générale, l'installation de colons outre-mer, quel que soit leur rapport au sol et le mode d'exploitation, puis la grande exploitation agricole coloniale, le mot français "plantation" ne désigne que le fait de mettre en terre des graines ou des plants. En outre, l'exploitation agricole dans les plus anciennes colonies tropicales de la France possède des traits originaux qui la distinguent nettement de ses homologues anglaises et hispano-portugaises. Il convient donc d'imposer à nouveau le mot "habitation" pour rendre compte du cadre spatial, monumental et social de la mise en valeur coloniale française.

Palmetto
Un palmeto ou cabane à la mode indienne en Louisiane.

Après l'installation d'une autorité permanente dans les territoires occupés par les Français, Compagnie des Indes, Seigneurs propriétaires, puis Administration royale, les hommes libres recevaient une concession appelée "place" d'une étendue de 20 ha environ d'abord, de 10 ha environ ensuite. La concession avait la forme d'une lanières limitée en aval par "le battant des lames" de l'océan et en amont par le "sommet des montagnes". Aux Antilles sont très vite apparus les "étages" sans accès à la mer, limités par une rivière ou une ravine. Pour conserver sa "place", le concessionnaire devait "s'habituer" c'est-à-dire, en ancien français, construire sa demeure et résider sur sa terre, la défricher et la mettre en culture. Le concessionnaire résidant et exploitant prenait alors le nom d'habitant2 et la concession mise en valeur celui d'habitation.

L'exploitation domaniale appelée "habitation" n'est pas nécessairement de vaste étendue ni cultivée par de nombreux esclaves, elle se consacre à diverses cultures et spéculations selon le lieu et le temps. On distingue la petite habitation vivrière familiale sans esclave, l'habitation en pétun (tabac) exploitée par d'ancien engagés associés, l'habitation sucrière esclavagiste, l'habitation caféière, l'habitation cacaoyère et plus récemment l'habitation bananière mécanisée. En revanche, les rares domaines consacrés à l'élevage n'ont jamais porté le nom d'habitation mais ceux de "ménagerie" (pâturages enclos) et de "hatte" (équivalent du ranch). Il est vrai que le concessionnaire n'y résidait pas.

Chaque concession est partagée à l'origine en trois secteurs consacrés, des hauteurs vers la mer, aux bois debouts, aux savanes, puis aux cultures avec les cases. Cette distribution rappelle les tenures du Moyen Ages pense J. Petitjean Roget.

A la Martinique, le nombre d'habitations est resté stationnaire de 1671 à 1685, celui des sucreries a augmenté de 54 %, celui des esclaves de 57 % pour atteindre 10.343 âmes. Dans les même temps, la population blanche a augmenté de 21 % pour atteindre 4.882. La culture du pétun qui avait été la base de l'occupation des îles d'Amérique n'impliquait pas l'utilisation d'esclaves. Les besoins de l'extraction et de la transformation du sucre exigeant une organisation protoindustrielle a provoqué un besoin de main-d'œuvre que l'on n'a su trouver que dans les esclaves. Comme le constate Gilberto Freyre "l'esclavage suit la sucrerie".

En revanche, on ne constate pas une importante concentration des terres entre les mains des habitants sucriers. D'ailleurs toutes les habitations sucrières ne sont pas équipées d'un moulin. Dès 1671, on constate que 118 contre 109 cultivent la canne et des vivres sans posséder un moulin et un fourneau pour faire le sucre. Elles livrent leurs cannes à un voisin équipé d'une sucrerie selon des modalités fixées par contrat. On le voit, l'usine n'innovera pas au XIXe siècle en achetant les cannes d'anciennes habitations privées de moyens techniques modernes.

A la veille de la Révolution, en 1787, on compte 324 sucreries ayant en moyenne 51 esclaves et produisant en moyenne 74.000 livres de sucre. Jamais les sucreries n'auront à la Martinique ou à la Guadeloupe des dimensions comparables à celles de Saint-Domingue. Dès 1671 on distingue deux groupes différents: les habitants sucriers et les petits habitants qui péniblement du pétun ou simplement des vivres. Les rois de France s'efforceront toujours de protéger les petits habitants et, tout en cherchant à développer la culture de la canne, d’éviter qu'elle ne devienne une monoculture. Des ordonnances prescrivent sans cesse de ne pas négliger les vivres et l'on voit, après la disparition du pétun et du gingembre, apparaître celle du cacao, du café, avec quelques périodes consacrées au coton et à l'indigo. En 1787, on compte à la Martinique 937 habitations caféières, 123 habitations cacaoyères et 260 vivrières avec un peu de casse et de coton.

L'archéologie de l'habitation

Depuis 1980, les spécialistes s'attachent à étudier les habitations non plus seulement comme des lieux de production, selon une perspective purement fonctionnelle, mais comme le creuset de la société et de la culture créoles: unité de base pour l'histoire de l'habitat, l'histoire sociale et surtout l'histoire de la civilisation matérielle, au sein de laquelle l'accent a été mis sur l'histoire des techniques. Après s'être surtout intéressée aux vestiges de l'industrie sucrière, l'archéologie met désormais l'accent sur l'étude d'autres productions, et surtout sur celle des structures d'habitat et des objets mobiliers.

Aux Antilles, l'archéologie de l'habitation a d'abord et surtout été une archéologie industrielle engagée dans une démarche d'inventaire, qui a privilégié la localisation, le relevé planimétrique des vestiges et la documentation archivistique des habitations sucreries. Les premières fouilles ont été réalisées à la Martinique à Moulin L'Etang en 1973 et au Château Dubuc en 1974, avec pour objectif de rendre visibles les structures enfouies. C'est pour compléter la démarche d'inventaire à partir des sources d'archives dans laquelle s'était engagé le Groupe de recherche en archéologie industrielle, que les services d'archéologie des Antilles ont entrepris des fouilles sur l'habitation Crève-Cœur, à Sainte-Anne, et sur l'habitation Fond Saint-Jacques, à Sainte-Marie.

En Guyane, à partir de 1984, une association d'archéologues amateurs entreprenait la fouille de l'habitation sucrerie Vidal, de l'habitation roucouerie Poulain et de l'habitation à épices Fonds de Rémire (ou Macaye), toutes situées sur l'île de Cayenne.
L'homme n'apparaît que de façon indirecte dans les premiers chantiers archéologiques des Antilles, mais il s'impose en force dans la fouille exceptionnelle du cimetière de Fond Saint-Jacques entreprise en 1993 et dans celle de la Poterie des Trois-Ilets à la Martinique. Dès lors les méthodes et l'enjeu de l'archéologie historique des Antilles françaises rejoignent ceux de l'archéologie historique pratiquée en Amérique du Nord et dans les Grandes Antilles.

En Guyane, la référence nord-américaine a guidé les fouilles dès le départ, aussi l'archéologie historique guyanaise offre-t-elle une plus grande richesse de perspectives et de documents, pour un nombre équivalent de sites fouillés, en dépit de la rareté des structures en dur.

Poulain et Fonds de Rémire ont ainsi fait l'objet d'une fouille quasi-exhaustive, ce qui n'est le cas d'aucune habitation des Antilles françaises. Ce sont des exploitations des XVIIe-XVIIIe siècle, sur lesquelles les investigations ont révélé des terrasses soutenues par de gros murs en maçonnerie de pierres sèches datant du XVIIIe siècle. Sur ces aménagements on a identifié un puits, les fondations et le sol de la grand'case, long bâtiment en torchis, dallé de carreaux de terre cuite et entouré de tous côtés par une galerie volante. Ce bâtiment était recouvert de bardeaux de bois (appelés essentes aux Antilles et bardots aux Mascareignes). Les emplacements de la cuisine et de diverses constructions domestiques ont également été retrouvés sur les deux sites.

Ces fouilles se caractérisent tout particulièrement par l'abondance du mobilier mis au jour. Il est constitué en majorité de céramiques couvrant la fin du XVIIe et l'ensemble du XVIIIe siècles qui témoignent de la complexité des relations commerciales sous l'Ancien Régime et du mode de vie des propriétaires "habitants". On a également retrouvé des outils, des armes, des monnaies, de la vaisselle, des bouteilles, des ferrures de porte, etc., qui permettent enfin de reconstituer la vie quotidienne sur une habitation, non à partir de l'extrapolation de rares textes historiques mais par une véritable histoire de la culture matérielle. En outre, des pipes de facture africaine offrent un témoignage exceptionnel sur l'activité des esclaves.

Par ses découvertes, dont certaines ont été transcrites sous forme de maquettes (Vidal, Château Dubuc), l'archéologie enrichit constamment le fonds documentaire de l'histoire, alors que les sources écrites forment un ensemble à présent presque clos, quoique largement inexploité par les chercheurs. Par elle, on peut espérer une progression de la connaissance du passé de la civilisation créole dans chaque territoire. Elle permet d'ores et déjà de restituer l'image d'une habitation moyenne, fort éloignée de celles des grands domaines de Saint-Domingue ou de la Virginie auxquelles la littérature et le cinéma nous ont habitués.

La Documentation :

Contrairement à la période amérindienne qui a laissé peu de traces, l'époque coloniale a légué des vestiges variés allant des ruines de bâtiments à une multitude d'objets. Les sources écrites sont assez abondantes sur de nombreux sujets: correspondances administratives, missions religieuses, projets économiques pour les plus connues, mais il y a la cartographie, les sources notariale et les hypothèques. Il faut aller à la pêche, comme l'indique Suvélor, pour trouver des détails sur la vie quotidienne.

Il y a plus que l'on affirme sur la vie des esclaves, des Caraïbes et des petits colons de toutes origines. L'iconographie est très limitée pour les périodes anciennes mais abondante depuis la vogue de la gravure de périodiques puis celle de la carte postale photographique. Pour les vestiges architecturaux, il faut prendre conscience que la plupart des constructions dites anciennes ne remontent pas au-delà de 150 ans et que les sites plus anciens ont été très perturbés. Le recours à l'archéologie est indispensable pour connaître l'état des lieux et les modes de vie d’avant 1848.

Existe-t-il une archéologie créole ?

Dans la "créolité", on doit reconnaître, comme J.-P. Giordani, le résultat du métissage de populations différentes et le mélange de pratiques culturelles qu'elles ont généré dans leur histoire commune. Il faut préciser que métissage et mélange ne signifient pas dégénérescence ni abâtardissement, contrairement à une logique de la pureté qui veut que le produit d'un mélange ne soit que la moitié de ses composantes et non leur dépassement. En ce sens Giordani a raison d'écrire que la "créolité" s'énonce d'abord comme une "différence" et d'abord différence par rapport à ses composantes originelles. Le patrimoine créole ne peut être, en valeur relative, ni moins bon ni meilleur que les patrimoines amérindiens, africains ou européens, il est autre chose.

L'absence des matériaux et des ingrédients auxquels les premiers colons français étaient habitués les a conduits à se procurer sur place des équivalents auprès des indigènes et à adopter certaines de leurs techniques ainsi que celles de leurs prédécesseurs espagnols et de leurs serviteurs africains. La longue et lente évolution a abouti à une nouvelle culture, qui n'est pas l'addition de parties de ses composantes mais une résultante totalement originale. Après avoir étudié les plus anciens sites historiques de la Floride et des grandes Antilles, K. Deagan s'est ainsi persuadée et nous convainc facilement que, dans notre zone géographique, l'archéologie historique est, par nature, une "archéologie du métissage".

Cette différence, par rapport à des patrimoines mieux et plus anciennement définis ailleurs, s'exprime aussi par la nature essentiellement vernaculaire et donc constamment évolutive de tout ce qui touche à la créolité, au point que l'oubli recouvre rapidement des pratiques dont ne subsistent que les traces matérielles3. S'il s'agit bien d'une culture traditionnelle et orale qui se vit dans la permanence, elle est fondée, dès le départ, sur de constantes adaptations à divers facteurs naturels et humains. Etudiant l'architecture industrielle, M. Mousnier constate que "les sociétés créoles se sont caractérisées par la rapidité de leur capacité d'adaptation, par la coexistence de secteurs très novateurs et de permanences conservatrices"4.

Il est donc vain de tenter de retrouver le point origine de la culture matérielle créole en observant les traces du passé: ce point est lui-même déjà une adaptation et un mélange. Il est également inutile de chercher à définir "une" culture créole théorique, intemporelle, puisque cette dernière ne connaît que des états qui se transforment avec le temps. Au mieux, on peut relever des permanences et tenter de les expliquer.

Faire de l'archéologie créole, à supposer que cette expression ait un sens, ce n'est donc rien d'autre que faire une archéologie historique fondée autant sur la fouille que sur la recherche d'archives, avec les approches croisées de la géographie historique, de la biogéographie et de l'anthropologie. Il serait illusoire de s'imaginer qu'être créole ou s'être imprégné de créolité permet de déchiffrer les vestiges apparents les plus anciens, puisque ce qui caractérise précisément la culture matérielle créole est le fait qu'un site abandonné est un site oublié en moins de cinquante ans. En outre, rien de précis, parfois rien du tout, ne subsiste dans la mémoire orale de ce qui a plus de cent ans: ce qu'on peut en apprendre est directement issu de la mémoire écrite et enseignée, laquelle est souvent fort éloignée de la réalité historique.

Les domaines de l'archéologie

Conçue comme un métissage, la créolité permettra d'éviter les deux impasses dans lesquelles sont tombées successivement l'archéologie historique états-unienne et mexicaine5. Pour la première, séparer l'étude des établissements amérindiens de celle des établissements humains postérieurs à l'arrivée des Européens en réservant strictement la première aux seuls préhistoriens et en limitant l'archéologie historique au domaine des monuments historiques qui ne sont que l'expression locale de l'activité d'un Etat centré ailleurs. Pour la seconde, abandonner les vestiges de la conquête coloniale et des phénomènes d'acculturation aux chercheurs européens et états-uniens pour mettre l'archéologie nationale au service d'un "indigénisme" soucieux d'affirmer la résistance et la continuité des cultures non-européennes (amérindienne et africaine).

J.-F Giordani a tenté de dresser une liste des "nombreux signes qui subsistent" d'un monde créole qui s'est constitué par étapes, par césures et qui a façonné le territoire.

D'abord le paysage rural et urbain, qui, s'il est loin d'être un lieu de mémoire dans la conscience créole, est un objet archéologique parce qu'il est la résultante d'une construction historique. Il en va de même des jardins qui sont eux aussi de nature historique.

Viennent ensuite les ensembles bâtis en dur, qu'ils soient préservés ou en ruine, et dont beaucoup entrent dans la définition du monument historique: réseau des fortifications, réseau des édifices religieux et des cimetières, réseau des bagnes et prisons, réseau des appontements et des ports, réseau des villes, des bourgs et des habitations, réseau des fours à chaux, des poteries, des usines, etc.

Beaucoup de ces ensembles concernent depuis longtemps l'archéologie industrielle, fondée sur le relevé en surface et en élévation, la documentation d'archives et beaucoup moins sur la fouille. Ses résultats renseignent encore peu sur la vie quotidienne, la santé et les mentalités, encore moins sur les esclaves et les ouvriers. La catastrophe de Saint-Pierre a donné une chance à la Martinique de pratiquer une archéologie de fouille qui, en mettant au jour des objets et non plus seulement des structures, apporte une masse considérable d'informations dans ces domaines de la connaissance du passé. L'archéologie de la Guyane, de son côté, bénéficie de la puissance de la forêt équatoriale qui recouvre rapidement les sites abandonnés depuis plus d'un siècle et les conserve presque en l'état.

Les bâtiments de l’habitation

Les conceptions de Chaunu et de Braudel font du patrimoine bâti la résultante d'une dialectique entre l'homme et son cadre, l'homme et l'emplacement où il vit, son toit, son foyer. Le patrimoine bâti, dans sa forme vernaculaire la plus répandue qui est aussi la plus mal préservée par les institutions (habitat dit «insalubre») et par les particuliers (destruction systématique), leur montre tout particulièrement comment les explications unilatérales à partir du climat, des matériaux, de la technologie (avec notamment le mythe du progrès), du site, de l'économie, de la religion ou des rapports de production sont impuissantes à exprimer les différentes formes que peut prendre la maison. Elle est avant tout culturelle, c'est-à-dire complexe. Il serait cependant hasardeux de transposer sans changement leurs analyses consacrées à l’Europe et faux d’adopter l’ensemble de leurs conclusions.

Ainsi, il est vrai que le bâtiment est la première des activités non agricoles, non directement vivrières de l'homme, en Europe comme dans les colonies, mais on ne peut pas dire que la civilisation créole soit, comme l’ont été la civilisation traditionnelle d’Europe et de beaucoup d'autres aires, une civilisation du foyer. On peut admettre que la maison y représente non seulement le lieu privilégié de la vie mais aussi un important secteur économique, mais certainement pas, comme en France, «un outil affectif, un pont, un trait d'union entre les générations». Il reste d’ailleurs, pour la civilisation créole, à étudier la dialectique affective entre l'homme et le cadre privilégié de sa vie (qu’il faudrait définir).

Le bâtiment créole a été abondamment traité au niveau de l'histoire qualitative: le fort, l’église, le palais des gouverneurs, quelques grandes demeures rurales et même les «cases», servent aujourd’hui à relever l’offre touristique et à conforter une certaine image de la dépendance coloniale. Mais, comme le souhaitait Chaunu, une étude quantitative du bâtiment de prestige dans la société traditionnelle est aujourd'hui indispensable, parce qu'elle s'insère dans l'étude du budget de l'Etat colonial. En dépit d'une charge très restreinte (parfois 7-8% des budgets, sur des périodes très courtes, 1%, en toutes circonstances, du produit national brut), en raison de sa position très marginale, le bâtiment de prestige a pu jouer dans l’économie ancienne un rôle d'entraînement, sans commune mesure avec le poids du secteur affecté. Même s’il n'a jamais représenté qu'entre 1 et 3-4 % de la masse globale de l'activité de construction, le bâtiment de prestige a une durée exceptionnelle et il est, en moyenne, mieux conservé que le bâtiment de simple usage. Il a en outre longtemps appartenu à une technologie de pointe, surtout en matière militaire, et tout ce qu'on peut écrire sur les pesanteurs technologiques du bâtiment s'applique peu ou pas au bâtiment de prestige.

Mais le «bâtiment global, la maison de tous», partie de l'appareil de production agricole, partie de l'appareil de production artisanale, est une masse beaucoup plus difficile à atteindre sur le plan quantitatif: hier comme aujourd'hui: la production du bâtiment n'est guère mesurée en dehors de la transaction. Le bâtiment global est à dominante rurale dans les unités créoles; même dans la tranche urbaine, il reste longtemps, jusqu'à la première moitié du XXe siècle, un domaine archaïque. L'industrie du bâtiment reste engagée jusque très avant dans le XXe siècle dans des modes archaïques de gestion, beaucoup plus encore que des techniques de construction. Même au début du XXe siècle, on ne peut mesurer d'une manière sûre et directe la production du bâtiment, encore moins son entretien. La situation peut paraître a priori désespérée car la préstatistique n'a pénétré les campagnes qu'au milieu du XXe siècle, au mieux. "Les campagnes restent rebelles aux formes et aux exigences de toute comptabilité moderne" écrit Chaunu, «elles sont très incomplètement insérées dans un réseau d'économie monétaire. Comment mesurer le troc qui, presque par définition, ne parvient jamais jusqu'au niveau de l'écrit?» Une exception: les habitations dont les constantes mutations de propriété nous ont laissé, pour des dates parfois très anciennes, des actes notariés (XVIIe-XXe) et des inscriptions d’hypothèques (XIXe-XXe) riches de données techniques et financières.

Cabanes rondins
Deux cabanes en boulins créoles de haute Louisiane.

Pour le Français d'Europe, l'habitat traditionnel c’est l'habitat lourd, l'habitat en pierre qui prévaut sur 4/5 du territoire français, or le modèle qui s'est exporté majoritairement en Amérique et en Indocéanie c’est celui de la maison de rondins (cabane en boulins disent les Louisianais) qui, sous l’appellation générique de case, n’a longtemps inspiré que dédain aux historiens de l’architecture d’outre-mer parce qu’il paraissait semblable au demeures «indigènes», amérindiennes, africaines et malgaches et qu’il l’était en effet. Seule la construction officielle, au Canada, en Guyane, aux Antilles comme aux Mascareignes, a exporté le modèle idéal de la maison lourde. Par endroits seulement, surtout en Amérique continentale, le sommet de la hiérarchie économique et sociale a tenté de reproduire le modèle intermédiaire de la maison à pans de bois et torchis, exceptionnellement celui de la maison en pierre. En réalité, l'habitat en pierre est absurde là où le bois est abondant; cela prouve que l'habitat traditionnel subit d'autres lois que techniques et économiques et qu’il ne répond pas à une logique de solution rationnelle.

Cependant, la maison lourde est peut-être une solution plus économique que l'habitation végétale qui dure 30 ou quarante ans en moyenne avant de nécessiter des réparations qui équivalent à une reconstruction. Il se peut que, sur le plan de l'histoire des techniques du bâtiment créole, tout puisse se ramener au dénominateur commun des techniques des divers composants de la formation créole et peut-être au transport. Le problème du bâtisseur consistait à mettre entre les mains des constructeurs, quelle que fut leur culture technique, des matériaux moins chers, parce que transportés dans des conditions moins onéreuses ou tout simplement trouvés sur place.

La case créole : un exemple réunionnais

Bien que l'on ne possède aucune illustration antérieure au XIXe siècle pour se faire une idée des premières constructions civiles de l'île Bourbon, nous savons, par divers récits de voyageurs qu'au XVIIe siècle les "habitants" les mieux établis occupaient des maisons, dites "cases", faites d'un soubassement en pierres et terre battue, construites de madriers et de bois équarris et couvertes de bardeaux de bois ou de feuilles de palmistes.

Selon le témoignage d'Antoine Boucher (1720), "il ne faut pas moins abattre 7 à 800 palmistes pour couvrir une case, lorsqu'elle est un peu grande"... Mises en œuvre par des charpentiers arrivés de diverses régions françaises, les maisons de pans de bois ne comportent longtemps aucun caractère spécifique. Réalisées avec des matériaux naturels identifiés sur place, suivant un mode de construction importé mais déjà influencé par l'expérience du Fort-Dauphin de Madagascar, c'est un habitat préfabriqué et démontable. Les pionniers envoyés dans les quartiers encore inoccupés n'hésitent pas à emporter les "bois" de leur case pour les remonter dans leur nouvel "emplacement". On possède de nombreux exemples de cases construites en tel lieu de l'île, puis démontées et transportées fort loin pour être reconstruites et cette pratique n'a pas disparu aujourd'hui.

Case Bertin
La case natale de Bertin à Sainte-Suzanne (1752).

Grâce à une lithographie de Roussin, datée de 1863, nous pouvons imaginer une de ces cases du XVIIIe siècle, puisqu'il s'agit de la maison natale du poète Bertin, né à Sainte-Suzanne en 1752. (Illustration) On reconnaît un important soubassement de pierre, sous une haute toiture percée de fenêtres en chien-assis à cette grande maison. Elle rappelle en volume et par son plan massé la tradition des maisons rurales de l'Ouest de la France du XVIIIe siècle, mais elle est entièrement construite en bois et présente des ouvertures sur les quatre façades. La structure est une charpente de madriers de bois de fer et de natte assemblée à tenon et mortaise. Les parois sont revêtues de planches grossièrement équarries, disposées verticalement et la couverture est faite de bardeaux (ou essentes) de bois. Certaines caractéristiques de l'architecture créole sont déjà marquées. La lithographie représente une vue prise depuis les dépendances et montre l'arrière-cour et la cuisine extérieure en maçonnerie dotée d'une cheminée pour les fourneaux. Il faut surtout noter la "varangue" (d’origine indienne), cette avancée en appentis qui crée un volume de transition, écran protecteur des pièces d'habitations contre le soleil et espace de détente et de réception, dont on peut dire qu'elle est le pôle de la sociabilité créole. La case de Bertin présente déjà tous les traits de l'architecture domestique créole qui s'affirment et s'enrichissent au XIXe et au XXe siècle.

BIBLIOGRAPHIE

CHAUNU, Pierre, "Le bâtiment dans l'économie traditionnelle" par Pierre Chaunu dans BARET, CHAUNU, DÉSERT, GOUHIER, NEVEUX, Le bâtiment, enquête d'histoire économique 14è-19è siècles, 1: Maisons rurales et urbaines dans la France traditionnelle, Paris, Mouton, 1971, p. 9-32.

BARASSIN, Jean, "La vie quotidienne des colons de Bourbon au début du XVIIIe siècle", Mouvements de populations dans l'Océan Indien, Paris, Champion, 1979, p. 13-23.

CHOMEREAU-LAMOTTE, Marie, «L’habitat aux Antilles», dans Femmes antillaises et patrimoine, Collection les guides pratiques de la famille créole, Fort-de-France, Editions Désormeaux, 1980, p. 63-91.

GIORDANI, Jean-Pierre, La Guadeloupe face à son patrimoine, Paris, Karthala, 1996. (B. U.)

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SUJETS DE DEVOIR
HISTOIRE

Dissertation :

Histoire et civilisation: A la naissance de la société d'habitation: reproduction ou production d'une société?

  1. Rappeler les modalités communes de l'implantation coloniale française sur le plan social (pas d'évènementiel), en particulier exposer les sens successifs du terme "habitation".
     
  2. Montrer les traits spécifiques de la nouvelle société créée outre-mer du fait du contexte et des objectifs de la colonisation.
     
  3. Expliquer comment les groupes qui forment le noyau originel de la société d'habitation échappent aux normes de leurs sociétés d'origine mais comment ils sont rattrapés par une volonté de normalisation de la métropole coloniale.

Dissertation :

Histoire et civilisation: En quoi l'histoire est-elle nécessaire à la compréhension de la société d'habitation aux Antilles? Vous appuierez votre argumentation sur des exemples précis.

CORRIGÉ :

En Acadie, durant les années 1604 à 1607, les Français, découvrent et nomment les rivières Saint-Jean et Sainte-Croix dans la baie Française, aujourd'hui baie de Fundy. C'est dans une île, à l'embouchure de la rivière Sainte-Croix, que Des Monts décide d'établir un poste provisoire. Il y construit une habitation fortifiée, dont Champlain avait dressé les plans. Le Dictionnaire de Trévoux, dans son édition de 1740, nous explique qu'une habitation est "une petite colonie, un établissement qu'on va faire en des lieux divers et inhabités. Ceux de Québec ont fait des habitations à Montréal et aux Trois-Rivières".

On notera que la consultation du Dictionnaire de Trévoux, ou de celui plus tardif de Furetière qui existe à la B.U., est indispensable pour une intelligence exacte du sens des mots aux XVIIe et XVIIIe siècle.

Se limitant aux Petites Antilles, L. Chauleau a proposé en 1979 une définition correcte qui ne demande qu'à être corrigée sur le plan étymologique et toponymique, et surtout développée et nuancée en fonction du temps et du lieu6. Elle écrit en effet:

"L'habitation c'est la propriété type des Antilles, le domaine terrien, petit ou grand, de préférence de proportions considérables. Elle a modelé le paysage de nos îles où, en grand nombre, les noms des lieux-dits rappellent qu'il existait là une habitation dont ils ont emprunté le nom: Ermitage, Ravine-Vilaine, la Pointe du Bout, la Jambette, Jossaud, Baimbridge, Fouillole, etc. Le terme est vieux de deux siècles. Le verbe "habiter", "habituer" comme on dit au XVIIe siècle, a présidé à sa naissance: mais le mot habitation a d'abord désigné un établissement, une sorte de colonie, en l'occurrence chacune des îles. Appliqué ensuite à un lopin de terre défrichée, c'est dans ce sens qu'on parle, à l'origine, d'habitation des Caraïbes, d'habitation d'esclaves fugitifs. Enfin, l'habitation devient et désigne durant tout le XIXe siècle, l'unité d'exploitation, la cellule sur laquelle repose toute l'économie."

Croyant que la latitude modifie le sens des mots, un historien moderniste contemporain estime qu'habitation prend un sens différent au Canada et aux Antilles. P. Ragon écrit en effet:

"Habitation : ensemble de bâtiments pouvant abriter quelques dizaines de personnes fortement retranchées derrière une enceinte fortifiée. Ce réduit inclut des magasins de vivres, d'outils et de munitions. Cependant aux Antilles, ce terme désigne une plantation7".

Le cloisonnement administratif de la recherche en France fait que les auteurs qui travaillent sur l'Atlantique sont persuadés que le terme habitation n'a eu d'existence qu'aux Antilles, au mieux dans la seule Amérique française. De leur côté, les chercheurs indocéanistes (de l'Océan Indien) croient que le terme est une particularité du créole des Mascareignes, ignorant qu'il s'est d'abord appliqué aux établissements de Madagascar. Le père Barassin, ignorant l'histoire des colonies d'Amérique et repris sans examen par J-F Dupon, croit ainsi que "la Compagnie des Indes prenant possession de l'île Bourbon, n'avait pas voulu aliéner les terres dont elle confiait la gestion aux nouveaux colons8. Elle aurait donc établit un système de concessions sous forme d'"habitations" (ou "droit d'habiter")."

Pourtant, ce que les dictionnaires de l'époque exposent clairement est largement attesté par la cartographie du XVIIe siècle, sans parler des sources administratives et notariales: le terme habitation est commun à l'ensemble du domaine colonial français constitué aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il appartient de ce fait au vocabulaire de tous les créoles français.

Le seul qui s'en soit rendu compte est le géographe J. Defos du Rau, repris par Yves Augeard, ancien architecte des bâtiments de France, chargé des Monuments Historiques à La Réunion. Ils écrivent en effet:

"A l'île Bourbon, dès l'installation des premiers exploitants, "l'habitation", - terme employé dans toutes les anciennes colonies pour désigner l'exploitation domaniale – est constituée de trois parties distinctes: d'une part "l'emplacement", centre névralgique où sont érigées la demeure du maître, les dépendances nécessaires à l'exploitation (cuisines, réserves, argamaste à café, hangars, magasins, godons) et les cases des esclaves; d'autre part, le jardin, terres facilement irrigables d'où sont tirés les produits vivriers et enfin le grand domaine, principale source de richesse avec ses grandes cultures de café puis de canne à sucre, ses bois et ses cultures secondaires. L'ensemble se répartit sur une portion de territoire concédée par l'administration de la Compagnie des Indes, et dont le découpage en lanières est limité en aval par "le battant des lames" de l'océan et en amont par "le sommet des montagnes".

Mis à part certaines constructions propres aux Mascareignes et qui sont d'origine indocéanienne, tels l'argamaste et le godon, le dispositif décrit par Augeard est tout à fait comparable à celui des habitations antillaises, canadiennes et louisianaises.

En comparant ce qu'écrit J. PetitJean Roget pour les Antilles, à ce qu'a publié J. Defos du Rau pour les Mascareignes, on comprend que le terme français "habitation" recouvre un ensemble structuré à vocation autarcique qui rappelle la "villa" gallo-romaine.

La concession aux îles françaises d'Amérique c'est la concession défrichée, cultivée, les bâtiments souvent sommaires mais assez nombreux qu'on y a édifiés, les cultures qu'on y a plantées, mais aussi l'ensemble des hommes qui y résident, qui, comme on dit, y sont habitués : le maître de case, sa famille et la main d'œuvre engagées et servile.Un rapport établi à la veille de l'abolition de l'esclavage l'établit formellement:

"Toue habitation forme, en quelque sorte, une société à part, qui cultive ses vivres, construit, fabrique pour elle-même ; une société soumise à des règles particulières, où la justice s'administre à un certain degré, selon des formes qui lui sont propres; un état au petit pied, qui a son culte privé, sa prison pour délinquants, sa salle d'asile pour l'enfance, son infirmerie pour les malades, son hospice pour les vieillards et les invalides9."

Il faut aussi noter, qu'à l'origine, l'habitation n'est pas intrinsèquement liée au système esclavagiste. Des habitations sans esclaves existeront toujours à côté des grands domaines esclavagistes et l'habitation, en tant qu'unité rurale, survivra longtemps à la disparition de l'esclavage et même au triomphe des usines. C'est d'ailleurs cela qui explique leur inscription dans le paysage et dans la toponymie.

On croit généralement que les événements qui, au milieu du XIXe siècle, vinrent ébranler la base économique des îles à sucre : l'abandon du système esclavagiste et la révolution industrielle, ruinèrent l'activité de toutes les habitations. Cela n'est exact que pour une partie des seules habitations sucrières et de façon progressive. Souvent, la rareté des terres libres empêcha l'exode de la main‑d'œuvre qui continua de demeurer sur les habitations. Par ailleurs la situation périphérique de certains domaines empêcha la concentration des terres et la mainmise des usines centrales sur les habitations sucrières. Les propriétaires se trouvèrent trop éloignés des centres de manipulation pour y apporter leurs cannes avec profit. Ils ne purent bientôt continuer la fabrication du sucre, mais il leur suffisait d'un matériel peu coûteux dont ils possédaient déjà, avec leurs moulins, un rouage essentiel, pour fabriquer du rhum en partant directement du jus de canne ou vesou. La sucrerie céda donc la place à la distillerie du rhum "z'habitant" dit aujourd'hui "agricole". A côté, les habitations non sucrières ont continué à subsister comme par le passé.

La ruine du système des habitations consécutive à l'abolition de l'esclavage et à la révolution industrielle est largement inspirée des considération d'E. Revert10 pour l'ensemble de la Martinique. Elle a été contestée depuis longtemps par une étude de J. Adelaïde11 qui démontre, archives à l'appui, que "jusqu'en 1884 la sucrerie existe et prospère concurremment avec l'usine". Seule la crise sucrière parvient à remettre en cause cette situation en provoquant l'abandon de la fabrication du sucre pour celle du rhum sur les habitations et plus souvent la reconversion vers d'autres spéculations, parfois anciennes, comme le cacao et le café. C'est donc à partir de 1887, que le terme d'habitation sucrerie des actes notariés ne désigne plus que des exploitations sur lesquelles l'activité principale (mais non exclusive) est la simple culture de la canne sans aucune transformation industrielle.

Caractéristique de la mise en valeur coloniale de l'Ancien Régime français, l'habitation est donc bien le noyau de formation de la langue créole et le laboratoire de la culture créole. On peut donc à juste titre parler de "société d'habitation" pour désigner le lieu de la sociogenèse du créole.

La cellule fondamentale de la société qui s'est constituée peu à peu dans les colonies tropicales françaises est l'habitation.
C'est pourquoi, si l'on se réfère à la classification des sociologues – et non des historiens – anglo-saxons qui ont défini une "Amérique des plantations" et une société de plantation, c'est-à-dire caractérisées par la monoculture d'exportation et l'esclavage, on perd les caractéristiques propres et surtout l'évolution historique du domaine français qui n'a connu que les colonies d'habitations et la société d'habitation.

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Notes

  1. GRIOLLET (Patrick) : Mots de Louisiane. Etude lexicale d'une Francophonie, Göteborg, L'Harmattan diffusion, 1986, p. 94-95. Cet auteur souligne la différence avec le français usuel: le créole dit bâtisse ou demeure là où le français dit habitation et lorsqu'il dit habitation le français dit résidence.
     
  2. Il faut ainsi comprendre l'expression "rhum z'habitant", comme rhum d'exploitation agricole par opposition au rhum d'usine. Griollet souligne que le français dit "j'habite", là où le créole dit "je reste" et que le français dit "habitant" là où le créole (de Louisiane) dit "résident".
     
  3. Alors que les DOM d'Amérique sont engagés dans la recherche et la valorisation de leur culture créole, on ne peut qu'être frappé par la méconnaissance et souvent l'ignorance dont ils entourent l'aspect technique de cette même culture.
     
  4. MOUSNIER (Mireille): "Adaptation et créolisation dans l'architecture industrielle des petites Antilles françaises", Etudes créoles, vol. IX n° 2, 1986, p. 78-91.
     
  5. Sans parler du sort du 1er Musée non européen des Arts et Traditions populaires, fondé par Georges-Henri Rivière à Port-au-Prince en 1960 et presque immédiatement détruit par le régime de Duvalier parce que "témoignage du métissage blanc", au nom de l'indigénisme et du "noirisme".
      
  6. CHAULEAU, Liliane, La vie quotidienne aux Antilles françaises à l'époque de Victor Schœlcher, XIXe siècle, Paris, Hachette, 1979, p. 133. Les toponymes cités sont loin de correspondre tous à des noms d'habitation.
     
  7. RAGON, Pierre (MCF IHS Amérique latine Paris III), dans Les XVIe et XVIIe siècles histoire moderne, Bréal col. Grand Amphi, 1995, p. 22.
      
  8. BARASSIN, Jean, Bourbon des origines jusqu'en 1714, Saint-Denis, Librairie Cazal, 1953.
      
  9. Rapport établi par la commission d'enquête chargée d'étudier le problème de l'abolition de l'esclavage, 1843. Cité par Lasserre, La Guadeloupe, I, p. 359.
     
  10. REVERT (E.): La Martinique, 1949, p. 349.
     
  11. ADELAIDE (J.): "Histoire antillaise", 1969, p. 18.

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