Epreuves
orales d’admission
Créole
Présentation / commentaire
Ainsi que certains candidats l’ont bien compris, il s’agit
là, d’abord, d’une épreuve qui n’est
pas de l’écrit lu, et qui a ses exigences
propres: utilisation consciente des ressources de la voix, expressivité
du discours, maîtrise des postures physiques, présence
à l’auditoire, modulation du contact avec celui-ci,
par exemple par le regard. Force est de reconnaître que cette
évidence échappe encore à un trop grand nombre
d’entre eux, et plus encore, comme il a déjà
été dit l’an dernier, d’entre elles. Si
certaines prestations ont manifesté une aisance remarquable,
un art convaincant de se détacher des notes, d’autres
ont répété point par point les défauts
pourtant signalés l’an dernier – au choix, voix
inaudibles ou inexpressives, notes lues sans le moindre regard pour
le jury, incapacité à improviser quand une page manque…
Quelques recommandations de bon sens auraient intérêt
à être prises en compte pour l’avenir: numérotation
des feuilles (en gros caractères!), mise en évidence
matérielle des grandes articulations du discours (introduction,
transitions, conclusion) pour que le candidat puisse se repérer
facilement dans la structure de son argumentation, et se détacher
de ses notes. Surtout, le jury ne saurait trop recommander le travail
en équipe dans la préparation de l’oral, en
particulier pour que les candidats multiplient les occasions de
parler devant un public, qui pourrait ensuite l’aider à
mieux connaître ses points forts et points faibles afin de
s’améliorer globalement.
Pour autant, une forme impeccable ne suffit pas; encore convient-il
que le fond soit à la hauteur. S’il n’apparaît
pas nécessaire, pour éviter d’inutiles redondances,
de répéter ce qui a déjà été
souligné à propos de l’épreuve de dissertation,
il n’en est pas moins indispensable de revenir sur certaines
observations. Sans doute une insuffisance de connaissances se détecte-t-elle
immédiatement à l’écrit – mais
que dire de l’épreuve (au sens premier du terme) que
subissent candidats et membres du jury, quand les questions, qui
suivent la présentation du document, révèlent
de véritables gouffres d’ignorance! Des candidats au
CAPES de Langues et cultures régionales - créole sont
censés savoir que la photographie n’existe pas au XVIIIème
siècle, et que l’Encyclopédie de Diderot-d’Alembert
est un des ouvrages majeurs de la seconde moitié du XVIIIème
siècle. Censés savoir, également, qu’il
existe des différences importantes entre une habitation-sucrerie
du XVIIIème, et une usine à sucre de la
fin du XXème, et que ce sont les bêtes,
l’eau ou le vent qui font mouvoir les moulins – pas
les esclaves (sauf si l’on se réfère explicitement
à la gravure de Théodore de Bry, qui ne vaut que pour
l’Hispaniola de la fin du XVIème siècle,
et dont la meule verticale est de surcroît le décalque
du pressoir à olives des terres méditerranéennes,
lui aussi mû par des hommes). Que les candidats veuillent
bien se convaincre que l’on ne sert pas les culture créoles
en les pensant en dehors d’une solide culture générale.
Concernant les documents de civilisation proposés aux candidats,
ils appartenaient à trois grands catégories –
que l’on identifiera dans le seul but d’aider à
la lisibilité du rapport, et non pas pour établir
une liste ne varietur de ce qui peut tomber à un
oral: les textes «historiques» (un inventaire d’habitation
du XVIIIème ou de la fin du XIXème,
par exemple), les documents iconographiques (gravures du XVIIème,
cartes postales du début du XXème siècle,
photographies de cases de la fin du XIXème ou / et du milieu
du XXème siècle, etc.), enfin des extraits
de romans utilisés comme moyen d’accès à
une civilisation (le roman, dans ces conditions, est alors considéré
indépendamment de toute analyse proprement littéraire,
cf. infra). La première difficulté a été
de savoir s’il fallait lire le texte à haute voix,
quelle proportion du texte lire ainsi. Le bon sens, là aussi,
aurait dû guider les candidats: dans une épreuve relativement
courte, quand le texte est en français, autant éviter
de perdre un temps précieux de cette façon, et privilégier
dans le cours de l’exposé de brèves citations
à haute voix servant l’argumentation. Il convenait
ensuite de trouver un fil directeur charpentant la prestation, et
d’éviter certaines erreurs grossières –
en particulier, dans le cas d’un commentaire composé
de deux extraits de textes (ou de plusieurs photographies), la juxtaposition
d’explications totalement indépendantes l’une
de l’autre (il s’agit là de problèmes
de méthodologie pure, censés avoir été
réglés bien en amont du jour des épreuves orales
du CAPES). Enfin, il s’agissait de commenter dans le temps
imparti un maximum d’éléments renvoyant à
ce qui est communément désigné comme la richesse
du sujet. Sur ce point, trop de candidats se sont contentés
d’un simple survol, en faisant l’impasse sur des pans
entiers du document, glanant sans ordre ni méthode, au hasard,
tel mot plutôt que tel autre, pour donner au final des commentaires
superficiels, voire squelettiques, et donc sans intérêt.
L’iconographie a donné lieu à des prestations
très contrastées, certaines bonnes, d’autres
notablement moins convaincantes. Il convient d’attirer l’attention
des candidats sur le fait qu’un commentaire d’«images
» obéit à des règles particulières,
dont le jury a pu constater que les plus élémentaires
étaient parfois ignorées – alors même
que l’enseignement secondaire et l’enseignement primaire
placent l’illustration au premier plan des supports pédagogiques…
On ajoutera que pour être «iconographique», un
document va rarement sans accompagnement d’une légende,
qui au même titre que le dessin ou la photographie font partie
de ce qui est à
commenter, ce qui là aussi a été absent de
la majorité des prestations.
Pour ce qui concerne la littérature il suffira de rappeler
ici quelques-unes des remarques qui avaient été formulées
dans le précédent rapport avant de les compléter
par des observations liées à l’expérience
de cette année.
Le premier point, et le plus important, c’est qu’il
s’agit d’un texte littéraire qui ne
saurait être lu ni comme un témoignage d’un mode
de vie disparu, ni comme le support d’une analyse de langue.
Il faut obligatoirement mettre en évidence le fait qu’un
texte littéraire correspond à une intention esthétique
et que de ce fait l’explication se doit d’étudier
les moyens employés par l’auteur pour faire entrer
le lecteur dans son univers.
L’explication d’un texte littéraire à
l’oral est un exercice aux règles établies par
la tradition et les fonctions de cet exercice et qui seront adaptées
au cas particulier de l’explication en langue créole.
Cependant il faut garder à l’esprit que le questionnement
sur la portée, les enjeux et la signification en sont les
éléments les plus significatifs.
En effet, il s’agira pour le candidat de construire une
signification du texte étudié en se fondant sur des
éléments concrets et cette signification sera organisée
de telle sorte qu’elle mettra en évidence l’approche
d’ensemble du passage.
Les compétences requises pour réussir l’explication
sont assez nombreuses et relèvent de la maîtrise de
connaissances culturelles, littéraires et historiques et
de la mise en œuvre de capacités d’analyse afin
d’élaborer une interprétation. En outre il faudra
se souvenir qu’il s’agit d’un exercice oral qui
se déroule devant un auditoire dont il faudra à la
fois susciter et maintenir l’attention, mais au-delà
le convaincre par la qualité de l’analyse. On néglige
trop souvent ce qui relève de l’aisance et de l’assurance
avec des éléments aussi importants que le regard,
la voix, le ton, le débit.
Nous renvoyons au rapport de 2002 pour trouver des indications
plus détaillées que celles de cette année,
mais il convient de signaler quelques points supplémentaires.
D’abord, en ce qui concerne la lecture, elle sera laissée
à l’appréciation du candidat. On peut cependant
recommander la lecture intégrale d’un passage bref
et la lecture d’un extrait, signalé, d’un texte
long. Cette lecture, sans être théâtralisée,
fait partie intégrante de l’explication et de ce fait
contribue à construire le sens en annonçant l’interprétation.
Elle sera expressive, vivante et rendra compte de la tonalité
du texte.
Un autre point sur lequel il est utile de revenir c’est
la cohérence et l’organisation de l’explication.
Il arrive que les explications soient une juxtaposition de remarques
qui, si elles peuvent s’avérer justes et pertinentes
individuellement, ne peuvent que donner une idée fragmentaire,
imparfaite du texte. Ce travers peut facilement être corrigé
par une rigueur dans l’analyse en cherchant les enjeux du
texte et en proposant des axes d’interprétation qui
seront clairement formulés dès l’introduction.
A cet égard, le candidat tiendra compte aussi de la matérialité
du texte, à savoir la mise en page, la typographie et intégrera
ces remarques dans son commentaire pour autant qu’elles contribuent
à construire le sens général et les proscrira
si elles ne sont que des observations parmi d’autres, sans
lien avec l’ensemble de l’explication.
Le choix fait par le candidat de l’explication linéaire
ou du commentaire composé ne saurait être réglé
a priori. L’expérience montre que les candidats peuvent
manifester leurs qualités en se servant de l’une ou
de l’autre méthode, cependant on peut suggérer
de privilégier l’explication linéaire qui sera
progressive et ordonnée, dans le cas d’un texte bref,
alors que le commentaire composé conviendra mieux à
l’étude d’un passage plus long et qui de ce fait
supposera une étude plus synthétique.
On ne saurait trop insister sur le fait qu’une explication
littéraire ne s’improvise pas et que l’année
de préparation au concours doit permettre aux candidats de
s’exercer régulièrement à étudier
des textes littéraires et à en proposer une explication
devant un auditoire.
Ces remarques brèves ne sauraient être conclues autrement
que par une citation précise du rapport de l’an dernier
qui trouve encore sa justification cette année:
«Enfin, le jury souhaite attirer l’attention des
candidats sur un point qui lui apparaît essentiel. En aucun
cas ces derniers ne doivent se laisser entraîner par leur
empathie avec le sujet, par leur connaissance personnelle, voire
intime, de tels aspects des civilisations créoles, en négligeant
du coup d’expliquer ce qui leur apparaît comme une
évidence.»
Encore une fois, l’attitude sera double, à la fois
approfondir la culture littéraire des espaces créoles,
mais replacer ces textes dans l’ensemble de ce que l’on
appelle les «pratiques métaphoriques verbales».
Grammaire / linguistique
Par rapport aux remarques faites par le jury en 2002, et qui avaient
une portée assez générale, l’essentiel
des observations du jury cette année portera plus sur des
questions plus strictement «linguistiques».
Pour ce qui est du concours 2002, on gardera à l’esprit
(mieux, on se référera à ce rapport de concours
pour le détail), que le jury avait insisté sur la
nécessité pour le candidat de lire à haute
voix les exemples (ce qui en donne une première interprétation),
de commenter la graphie lorsqu’elle souligne ou masque des
phénomènes pertinents (par exemple découpages
syntaxiques). Les candidats ont été encouragés
à classer les phénomènes analogues et à
traiter chaque classe de faits linguistiques en une seule fois,
ce qui évite de répéter plusieurs fois des
analyses identiques, en explicitant les critères sous-jacents
aux catégories établies.
La partie de l’épreuve dévolue à la
grammaire et à la linguistique offre au candidat l’occasion
de faire montre de ses connaissances dans le domaine de la description
linguistique, de ses capacités d’analyse de la chaîne
parlée et d’un certain sens de l’exposé
didactique. Il lui est proposé un court texte en créole
accompagné d’une consigne du type «Faites toutes
les remarques que vous jugerez opportunes sur les syntagmes nominaux
(ou les syntagmes verbaux) présents dans ce passage».
Au bout de sa préparation, on attend du candidat un exposé
concis et cohérent où il montrera:
- Qu’il sait lire à haute voix un court texte en
créole en y mettant de l’expression, c’est-à-dire
en opérant la traduction prosodique des indices (graphie,
ponctuation, éclairage paratextuel sur l’appartenance
du texte à un genre oral ou sa provenance d’un écrivain
connu) et en ne butant pas sur la première transcription
un peu originale.
- Qu’il dispose, dans son bagage conceptuel, d’une
définition opérationnelle de «syntagme nominal»
et «syntagme verbal» référant à
une école théorique, à un type d’analyse
de phrase ou, plus simplement, à un genre d’ouvrages
scolaires identifié.
- Qu’il est capable de relever tous les segments présents
dans le passage correspondant à la définition initialement
fournie, en soulignant ce qu’ils ont de constant et de différent.
Ce principe d’exhaustivité est essentiel, car il
met en relief l’aptitude à identifier et caractériser
des différences fines, mais il ne doit surtout pas conduire
le candidat à répéter à plusieurs
reprises une analyse déjà posée.
- Qu’il peut expliquer à la fois comment tel segment
s’intègre dans une unité de rang supérieur
(syntagme complexe, phrase ou énoncé), quelle fonction
grammaticale il y occupe, mais également de quoi il est
composé (quels sont ses propres constituants). Fondé
sur la pertinence de l’analyse en constituants immédiats,
ce principe doit offrir au candidat l’occasion de segmenter
une unité de rang supérieur en unités de
rang inférieur en expliquant les relations des items entre
eux, selon les méthodes usuelles de la «mise en boîtes»
(boxing), de la parenthétisation ou d’un
indicateur arborescent. L’utilisation d’un schéma
au tableau est donc possible pour rendre visible l’analyse
si elle est particulièrement complexe ou ambiguë,
mais elle ne remplace en aucun cas une explication verbale claire
et argumentée des relations et des cohérences
suggérées entre parties du discours.
- Qu’il ne perd pas de vue que les langues de l’ensemble
créole sont en voie de grammatisation, c’est-à-dire
qu’elles ne disposent pas encore d’outils normatifs
éprouvés et validés par l’usage. En
conséquence de quoi l’oral (et donc la variation
phonétique, morphologique, syntaxique et stylistique) y
joue un rôle prépondérant. La mise à
l’écrit de ces langues procède souvent de
«coups de force» religieux, politique, poétique
ou idéologique, et suscite nécessairement un débat
sociolinguistique quant à l’interprétation
de certains choix. Cette considération est faite ici pour
écarter tout normativisme mécaniste, interdire tout
jugement dogmatique anachronique et expéditif, prohiber
toute formule catégorique indémontrable, et faire
que l’esprit de nuance et la prise en compte de la pluralité
puissent constamment nourrir l’analyse et la réflexion.
Les futurs professeurs de créole devront lire des textes
variés dans des graphies variées, sauront écouter
leurs élèves dans leurs différences et apprendront
ainsi à respecter la nécessaire diversité
des expressions linguistiques.
- Enfin qu’il sait que l’activité métalinguistique
d’un élève, en France, qu’il soit ou
non dans un Département d’Outre-Mer, est informée
d’un ensemble de notions issues majoritairement de la grammaire
française (et éventuellement des autres langues
apprises à l’école) et que toute remarque
comparative, toute mise en rapport avec un autre idiome présent
dans la communauté, toute traduction peuvent être
opportunes, pourvu que cela soit fait avec prudence et sens de
l’illustration pédagogique. L’utilisation de
catégories comme «infinitif», «participe»,
«subjonctif» est donc délicate, et le jury
recommande que l’application de ces termes à une
réalité créole soit mesurée et argumentée.
Cela dit, le futur professeur de langues et cultures créoles
n’est pas nécessairement un linguiste. Le jury n’attend
nullement de lui un débat sur les théories linguistiques
relatives à la créolisation ou des développements
techniques à n’en plus finir sur des points controversés
de la recherche récente ou à la mode. En revanche,
il est indispensable que le candidat dispose d’une définition
de la phrase et de l’énoncé, du nom et du verbe,
et de quelques catégories fondamentales comme «copule»,
«sujet» «prédicat», «valence»,
«déterminant», «adjectif», «auxiliaire»,
«temps», «mode», «aspect», «conditionnel»,
«complément» «fonction», «catégorie
syntaxique». Ces concepts sont présentés dans
des usuels de linguistique générale et dans des manuels
de grammaire utilisés dans les collèges et les lycées.
Le candidat veillera alors à pouvoir distinguer entre un
concept général et son application à la langue,
voire à l’exemple étudié, en n’oubliant
jamais que les grammaires ont pour fonction de donner de grands
repères, mais ne peuvent souvent pas rendre compte des particularités
de mise en contexte et en situation de chaque unité. Ces
particularités sont en effet parfois, pour la fonctionnalité
en discours et en situation, aussi importantes que les caractéristiques
générales d’une unité6.
Deux grandes conceptions de l’analyse grammaticale sont
généralement sous-jacentes dans les approches des
candidats. La première, issue de la Grammaire Générative
et de sa vulgarisation en français par les travaux de Jean
Dubois et d’un certain nombre de grammaires scolaires des
années 1980, fait du Syntagme Nominal et du Syntagme Verbal
les deux constituants majeurs constitutifs de la phrase, notion
résumée dans la formule P = SN + SV. Si le candidat
adopte une approche de ce type, il est important qu’il garde
à l’idée:
- Que ce syntagme nominal majeur peut être complexe (et
composé d’autres constituants intégrés
qu’il faudra identifier et justifier),
- Qu’il peut se manifester sous la forme d’un pronom
ou d’un groupe pronominal.
- Qu’il peut même prendre la forme d’un verbe
ou d’une phrase.
- Que l’on peut retrouver d’autres syntagmes nominaux
dans le syntagme verbal ou dans des syntagmes adjoints «circonstants».
La deuxième approche grammaticale globalement dominante,
plus proche des travaux de Tesnière, du fonctionnalisme ou
des grammaires scolaires traditionnelles, fait du verbe le pivot,
l’élément central de la phrase. Chaque verbe
est doté d’une valence à partir de laquelle
on dénombrera divers «actants» (ou «arguments
»…) jouant chacun un rôle spécifique qui
peut aller de pair avec des propriétés formelles (par
exemple: présence ou absence de préposition) et sémantiques
(compatibilité des compléments sélectionnés
avec des traits comme [Humain], [Animé], etc.).
Dans ce cas, le candidat veillera de toutes manières à
identifier le noyau verbal de la phrase, il en repérera le
sujet, et il devra expliquer le rôle et la fonction de tous
les autres groupes, nominaux ou non, dépendants, à
des degrés divers (et cela doit être justifié
par des critères lorsque cela est possible) de ce verbe.
Les choix entre écoles théoriques, majeurs pour
le chercheur, n’ont pas nécessairement d’effets
importants pour les candidats voire les élèves. Il
ne faut pas confondre en effet soutenance de mémoire académique
et présentation d’un commentaire oral au concours de
recrutement de Professeurs. Toutefois, les candidats devraient rester
attentifs au fait que l’épreuve laisse la place à
l’expression d’une culture linguistique; par conséquent,
toute remarque graphique, morphologique, sémantique voire
stylistique ou pragmatique est la bienvenue, dès lors qu’elle
est présentée dans un souci d’éclairer
ou d’illustrer le propos avec pertinence.
Quelques indications qui peuvent aider les candidats à
se préparer pour cette partie d’épreuve:
- En principe, c’est la phrase canonique ou phrase de base
réduite qui fait l’objet de la description grammaticale
lorsqu’on procède à l’analyse en constituants.
Cette phrase correspond à la phrase simple déclarative
affirmative et neutre (les autres types et formes sont des transformations
de cette structure de base). C’est cet objet – la
phrase, structure complète et autonome, bien formée,
c’est à dire obéissant à des règles
- qui constitue le modèle de référence qu’étudie
la grammaire, en dehors de tout contexte, hors de toute énonciation.
Le candidat doit donc, pendant son analyse préalable à
la construction de son exposé, théoriquement ramener
au moins certaines des phrases du corpus qui lui est soumis (les
P interrogatives ou les P emphatiques par exemple) à des
phrases canoniques avant de procéder à l’analyse.
Cela lui permettra de mieux percevoir des ambiguïtés
éventuelles, des éléments implicites ou en
facteur commun, etc. De même, s’il a le sentiment
que dans un extrait du corpus à étudier, l’un
des constituants n’est pas à sa place canonique,
il a tout intérêt à rétablir cet ordre
canonique pour informer son analyse.
Il doit partir de l’idée que toute phrase se réfère
à l’un des quatre «types» syntaxiques
suivants: déclarative, interrogative, impérative,
exclamative. Et que ce qui distingue les unes et les autres, ce
sont des différences de structure syntaxique, différences
qui sont marquées par des indices caractéristiques,
les marques formelles, qu’il doit mettre en évidence.
En cas d’absence de marques formelles à l’écrit,
il doit réfléchir à ce phénomène,
au rôle de l’intonation par exemple.
Le candidat, conscient que la phrase n’est pas une succession
linéaire mais un ensemble d’éléments
ordonnés hiérarchiquement, aura soin de distinguer
explicitement, au cours de sa présentation, entre «constituants
de phrase» et «constituants de syntagme».
- Pour identifier les unités, constituer des classes de
mots (des classes grammaticales) sur des critères cohérents,
faire apparaître les propriétés syntaxiques
de ces classes et formuler des règles de fonctionnement,
le candidat doit montrer qu’il maîtrise un certain
nombre d’outils. On peut citer les opérations fondamentales
de l’analyse syntaxique que sont la commutation, le déplacement,
l’effacement, l’insertion d’éléments.
Ou encore d’autres manipulations qui permettent de faire
apparaître des propriétés: extraction, pronominalisation,
interrogation …
- La maîtrise du vocabulaire grammatical, métalinguistique,
fait partie du bagage du candidat. Celui-ci doit être à
même de définir, à la demande du jury, les
termes spécialisés (les notions grammaticales) dont
il fait usage, y compris ceux qui paraissent les plus évidents
à définir a priori comme mot, phrase
ou commutation. Et il va de soi qu’il doit définir
les termes faisant référence au métalangage
linguistique qui figurent dans la consigne qui lui a été
donnée.
- L’approche contrastive comparant créole et français
(ou éventuellement avec l’anglais ou l’espagnol)
doit être sollicitée avec discernement. Il ne fait
pas de doute que la comparaison avec d’autres langues permet
de souligner l’originalité ou non des structures
linguistiques créoles par rapport à celles d’autres
langues (par exemple celles des options quand le candidat a choisi
une option «langue»). Ex. «La non pertinence
de la catégorie syntaxique du genre en créole, ne
signifie pas que le créole ne peut marquer, lexicalement,
les oppositions de sexe», constat. qui permet de comparer
ce fonctionnement à celui de l’anglais.
L’approche contrastive est plus sujette à caution
lorsqu’elle est convoquée comme base de l’analyse.
La traduction en français par un infinitif ou un subjonctif
d’une forme verbale créole ne permet pas d’établir
que l’on a des raisons de considérer que le créole
a un infinitif ou un subjonctif. Cependant, dans la mesure où
elle contribue à asseoir le sentiment linguistique, l’approche
contrastive peut être mise à contribution sur des
structures où les interférences entre les deux langues
sont fréquentes. La comparaison peut aider, par exemple,
à faire prendre conscience que certaines phrases agrammaticales
en français sont en fait des calques du créole et
de là, à mieux maîtriser les différences
essentielles entre les deux langues, en compréhension comme
en production, à l’oral comme à l’écrit.
Un autre exemple: l’analyse contrastive peut contribuer
à «fixer» une fois pour toutes cette propriété
des créoles qui ne semble pas évidente pour tous
les candidats, à savoir qu’ils ne présentent
qu’extrêmement peu, voire pas de flexion verbale (la
troncation). Il est peu cohérent, face à un tableau
descriptif de dire que le verbe «se conjugue» en créole,
sauf à considérer les indices personnels antéposés
et les marqueurs aspecto-temporels comme des formes de flexion
(par «préfixation»), ce qu’il faut alors
discuter, illustrer, démontrer en détail.
- Si le candidat souhaite utiliser un tableau pour son exposé,
il serait prudent qu’il le signale aux appariteurs dès
qu’il décide d’en utiliser un pendant la préparation
préalable afin que toutes les dispositions matérielles
soient prises pour cela. Si l’exposé utilise le support
d’un tableau, le candidat visera une présentation
claire et une explication cohérente et non émiettée
des phénomènes étudiés. Bref il s’efforcera
de contrôler, du début à la fin de son intervention,
l’emploi qu’il fait de ce support, en montrant par
son usage du tableau, que celui lui est utile autrement que pour
se donner une contenance.
L’expérience des deux années passées
indique en effet que l’exploitation des possibilités
offertes par le tableau a été peu profitable jusqu’ici
aux candidats. L’utilisation du tableau ralentit l’exposé
(gribouiller trop vite sur le tableau risque d’être
contre-productif), incite parfois le candidat, lorsqu’il
a une certaine expérience de l’enseignement, à
retrouver un ton très professoral peu engageant. Lorsque
le candidat n’a pas d’expérience de l’enseignement,
cela transparaît souvent aux défauts habituels d’un
débutant en la matière: dos tourné au jury,
voix peu audible de ce fait, écriture peu lisible, exploitation
peu judicieuse de l’espace du tableau. L’expérience
montre aussi que des schémas obligent souvent à
binariser un exposé (sur un indicateur syntagmatique, un
élément est hiérarchiquement dominé
ou non par un autre, par exemple) là où l’oral
permet plus de souplesse et de finesse.
- Le candidat doit être conscient que le temps qui lui
est imparti est limité. Il doit, en conséquence,
gérer avec lucidité le temps consacré à
la présentation de son travail et celui qu’il consacrera
aux questions complémentaires qui peuvent lui être
posées. Un candidat qui oublie de prendre en compte dans
sa programmation les éventuelles questions du jury peut
donner le sentiment de vouloir fuir les échanges avec celui-ci.
Le fait de se «fermer» à toute orientation
suggérée par le jury et pouvant mener vers des analyses
différentes de celles qui ont été initialement
proposées par le candidat peut être également
perçu comme le signe d’une trop grande assurance
en ses propres compétences, ou comme une compétence
réduite à un certain type d’analyse ponctuel
(dans un domaine où il convient de se montrer prudent:
le savoir grammatical est sans cesse en construction et il existe
des questions sans réponse univoque).
- Le candidat arrivera probablement mieux préparé
et plus serein à l’épreuve orale s’il
a abordé la préparation à cette épreuve
avec la conscience que sa réflexion gagnerait à
s’organiser de la façon suivante: (1). observation
du corpus (en ayant vérifié au préalable
que et la consigne et les phrases du corpus sont bien comprises).
Le corpus proposé peut être abondé d’exemples
fournis par le candidat; (2). manipulations / tests permettant
de faire apparaître les propriétés; (3). rassemblement
des résultats sous forme de tableau commenté; (4).
rédaction d’une synthèse à partir de
ce tableau.
- La tension et l’émotion peuvent conduire le candidat
à commettre une erreur de base dont il prend immédiatement
conscience. Il lui est vivement recommandé de déployer
les efforts nécessaires pour la corriger tout aussi immédiatement
devant le jury et ce, même si l’erreur en question
n’est pas directement en relation avec la question de grammaire
à traiter.
On trouvera plus bas, et pour conclure, une liste des erreurs
les plus fréquentes chez les candidats en 2003:
- Oubli de la lecture du texte support ou alors lecture négligente,
hachée, hâtive, désincarnée du texte.
- Absence de lecture de la consigne ou redéfinition fantaisiste
de celle-ci:
«Dans ce passage, tous les syntagmes verbaux sont des adjectifs
prédicatifs»
- Utilisation de notions confuses, anarchiques ou inadaptées:
«La copule sé est un présentatif»
- Difficulté à catégoriser de manière
précise:
«bagay-la bon pou manjé» (Mart), «manjé
est ici un infinitif»
«…si li di pa moin kèksoz» (Réu.)…: «pa pourrait être une négation,
mais ici je ne le sais pas»
- Absence d’explicitation de critères définitoires
devant un élément pouvant être catégorisé
de manière différente selon les contextes (Nom /
Verbe):
«cachette» (Réu.).
- Absence de réaction devant un verbe rédupliqué:
«casse cassé» (Réu.)
- Abus de catégorie «savante» non clairement
identifiée:
Ainsi dans «i koumansé palé»
(Mart), avant d’invoquer une sérialisation verbale,
il faudrait considérer l’hypothèse de l’utilisation
d’un auxiliaire ou d’un modal qui introduit un aspect
spécifique, sauf à appeler sérialisation
toute mise en séquence de deux formes verbales.
- Incapacité à faire apparaître un paradigme
de formes pourtant bâties sur le même patron ou obéissant
à la même
structure.
Epreuve sur dossier
Il ne sera pas rappelé ici les termes du rapport de
la session 2002. Les remarques qu'il contient restent pertinentes.
Il faut insister cependant sur le fait que le rapport du jury
à l'issue des épreuves d'admission ne saurait être
considéré comme un catalogue de recettes qu'il suffirait
d'appliquer. Aucune prestation ne peut être réussie
si elle ne repose pas avant tout sur la réflexion du candidat.
Il faut garder constamment à l’esprit que chaque sujet
impose une approche spécifique. Les indications pédagogiques
figurant dans les rapports de jury et dans les manuels ne doivent
pas devenir l’occasion de faire des propositions que l’on
serait ensuite incapable d’étayer, comme ce fut le
cas pour ce candidat qui, ayant retenu qu’il serait bon de
penser aux NTIC, a ainsi proposé une séance d'une
heure avec des lycéens pour mettre en ligne une page sur
la toile, louable initiative qui aurait été plus convaincante
s'il n'était apparu que le candidat ne savait pas très
bien comment s'y prendre.
1. La maîtrise de certaines techniques
Les prestations des candidats révèlent une faiblesse
assez généralement répandue dans les techniques
d'analyse des documents iconographiques. Il est rappelé aux
candidats qu'un dossier peut-être composé de documents
littéraires (poèmes, prose narrative) et non littéraires
(images, articles de presse, cartes, statistiques, tableaux). Ils
doivent donc veiller à être capables d'analyser l'ensemble
de ces documents et s'y entraîner.
La question de la lecture à haute voix est très
généralement sous estimée par les candidats.
Il n'est pas certain que ceux-ci soient totalement à l'aise
lorsqu'ils lisent des textes en créole. Un candidat, lors
de son exposé, a systématiquement traduit en français
les exemples qu'il tirait d'un texte en créole. Un seul candidat
à cette session s'est montré capable de faire une
lecture expressive d'un poème en créole.
Il s'agit là d'une compétence qui pourra systématiquement
être vérifiée par le jury lors des prochaines
sessions.
2. La maîtrise des savoirs
Les questions posées par le jury aux candidats ont révélé
un manque assez préoccupant de connaissances précises
sur les écrivains et artistes créoles dans les différentes
zones: confusions entre les îles de laGuadeloupe, informations
fragmentaires sur des artistes essentiels. Un candidat, qui exposait
pourtant un dossier qu'il avait choisi d'orienter sur l'importance
patrimoniale du créole, s'est révélé
incapable, malgré les questions du jury destinées
à l'aider, de faire le rapprochement avec la Journée
internationale du créole… Certains concepts pourtant
d'un intérêt évident pour un enseignement de
Langue et culture régionale ne sont pas maîtrisés.
Ainsi un candidat a été incapable de répondre
à une question sur la différence entre diglossie et
bilinguisme alors qu'il utilisait lui-même ces termes dans
son exposé.
Il faut rappeler que le champ disciplinaire du CAPES de créole
est "Langue et culture régionale". Or les travaux
sur la langue sont en général peu choisis. Les candidats
semblent marquer une nette préférence pour les domaines
culturels où pourtant ils ne brillent pas de manière
évidente par leur maîtrise des savoirs et / ou leur
capacité à en maîtriser tous les aspects. Or,
ne pas maîtriser un sujet est particulièrement grave
lorsque celui-ci concerne des thèmes comme la religion, l'identité,
l'ethnicité, etc. Les candidats au CAPES, futurs enseignants,
doivent garder à l'esprit qu'ils s'adressent à un
public particulier dans ce lieu particulier qu'est l'école
de la République. De la même manière, il convient
de mettre en garde les candidats sur le registre de langue caractérisant
tout ou partie des textes du dossier. Ils ne doivent pas hésiter
à prendre position sur cette question et dire s'ils auraient
ou non retenu un texte ou un extrait qui, dans un dossier précisément
proposé pour qu’on aborde les questions de son utilisation
avec des élèves, peut conduire à se poser entre
autres cette question.
3. La prise en compte de la spécificité de l'épreuve
Le jury a constaté que la qualité de la langue mise
en œuvre par les candidats eux-mêmes laisse parfois beaucoup
à désirer. Certes les situations créoles sont
des situations de contacts de langues mais certains types d’interférences
ne sont pas acceptables pour des enseignants dont certains ont de
plus, comme seconde valence, le français, si l’on veut
conserver une spécificité aux langues en contact.
La qualité de la langue à l'oral se juge aussi au
simple respect de ses structures. Force est de constater de trop
nombreuses anomalies dans les prestations orales des candidats.
Le jury a noté, de surcroît, cette année,
l'inflation d'un jargon souvent d'ailleurs assez mal maîtrisé;
le jury s'est par exemple beaucoup interrogé sur la nécessité,
évoquée par un candidat, de développer la "compétence
oraliturelle" des élèves qui lui seraient éventuellement
confiés. L'emploi d'une langue imprécise est un symptôme
inquiétant: un candidat a, par exemple, utilisé indifféremment
lors de son exposé les termes "christianisme / catholicisme".
Il s'est d'ailleurs avéré qu'il ignorait la différence
entre ces termes. Enfin, signalons que, sans purisme excessif, les
candidats doivent s'exprimer dans un langage soutenu: un professeur
n'est pas un "prof"!
Un des critères sur lesquels le jury fonde son appréciation
réside dans l'aptitude du candidat à l’échange.
La qualité de l'échange, en particulier, ne réside
pas dans la capacité à fuir ou contourner les questions
posées. Le fait de ne pas pouvoir répondre à
toutes les questions posées par le jury n'est pas rédhibitoire
dans l'absolu et il vaut mieux l'avouer - tout en précisant
comment il pourrait y être remédié - plutôt
que d'essayer d’improviser des réponses.
Un constat s'impose à l'évidence: il est absolument
nécessaire que la réflexion sur la spécificité
de l'épreuve orale commence pour les candidats bien avant
la fin des épreuves écrites.
Chacune des grandes étapes de l'épreuve est importante:
- l'analyse des documents (cf. supra) met en œuvre
des techniques spécifiques: analyse de textes de différente
nature et synthèse de celle-ci. Le candidat ne doit pas
perdre de vue le fait que cette analyse doit être faite
dans une perspective pédagogique.
- la formulation du ou des objectifs fixés par le candidat
doit être sans équivoque: ceux-ci doivent être
clairement annoncés au début de l'exposé;
- le choix du niveau auquel les activités pédagogiques
sont prévues doit toujours être justifié avec
le plus de précision possible;
- la structuration de l'exposé ne peut souffrir d'aucune
faiblesse: le candidat doit indiquer clairement les parties de
son exposé et surtout respecter le plan qu'il annonce;
- l'idée de "projet" fait beaucoup trop lentement
son chemin. Il semble que les candidats aient toujours beaucoup
de mal à penser le travail avec d'autres enseignants. Tout
juste, concède-t-on que, une fois que l'enseignant de LCR
a terminé sa séquence, celui-ci aille se concerter
avec des (futurs) collègues pour assurer des "prolongements
pédagogiques" qui apparaissent très nettement
plus comme une formalité vide de sens concret dont les
candidats s'acquittent dans la mesure où le jury a insisté
sur ce point dans son rapport de la session 2002, que comme une
pratique professionnelle réelle. Il est à craindre
que, dans ces conditions, l'enseignement de la LCR ne joue pas
son véritable rôle et puisse même s'isoler
sinon s'étioler.
- enfin, si l’épreuve de CAPES de créole
dont il est question ici est bien un CAPES externe, il n'est pas
acceptable que certains candidats démontrent une absence
abyssale d'information sur le système éducatif:
méconnaissance de la terminologie officielle et des textes
réglementaires (y compris ceux concernant le CAPES de créole…),
apparition de notions pédagogiques non identifiables (le
jury s’interroge encore sur ce que peut être une "discussion
magistrale" ???), irréalisme total dans la gestion
du temps de classe ont été trop souvent notés
par le jury.
Options
Anglais
L'épreuve
Le jury rappelle (1) que l'épreuve consiste en la présentation
critique, en anglais, d’une nouvelle suivie de l’explication,
en français, de points grammaticaux à partir d’exemples
extraits de la nouvelle, (2) que l'actuel arrêté définissant
les épreuves orales d'admission ne prévoit pas d'entretien
avec le jury pour l'option anglais et, enfin, (3) qu'il s'agit d'une
épreuve qui demande de réelles compétences
dans trois domaines en particulier: le commentaire littéraire,
l'expression orale en anglais (y compris la terminologie de l'analyse
littéraire) et l'explication grammaticale, compétences
sans lesquelles le choix de cette option pourrait paraître
inopportun.
Les supports de l'épreuve
Les textes proposés lors de la session 2003 étaient
des nouvelles modernes d'auteurs anglais, mais des auteurs anglophones
d'autres origines pourraient également être retenus.
Les nouvelles proposées aux candidats en 2003 étaient
les suivantes: Frank TUOHY (GB), At Home with the Colonel,
1962; Graham GREENE (GB), The Invisible Japanese Gentlemen,
1967.
La présentation critique d’une nouvelle
Le jury a observé avec satisfaction que les candidats à
la session 2003 semblaient mieux préparés à
cette partie de l'épreuve que ceux de la première
session du concours. Tous ont cherché à structurer
leur propos, et ont présenté et suivi un plan. Cet
effort d'organisation ne saurait cependant pallier les défaillances
constatées dans certaines présentations: une analyse
réductrice qui ne prenait en compte que très partiellement
la nouvelle; une tendance à évacuer l'analyse de la
voix narrative, ce qui était particulièrement regrettable
en ce qui concernait la nouvelle de Greene dans laquelle le narrateur-auteur
filtre constamment ce qu'il observe; une interprétation extrêmement
hasardeuse (selon laquelle Greene, en décrivant des personnages
appartenant à un milieu littéraire, chercherait à
illustrer l'influence que peut exercer le livre); et, comme il avait
déjà été noté à la session
2002, une tendance parfois observée à forcer l'interprétation
de la nouvelle (tel candidat interprète la nouvelle de Greene
comme un gothic novel en miniature, alors que rien dans
la nouvelle ne relève de ce genre) ou à plaquer une
interprétation injustifiée (cf. en parlant à
tort d'emboîtements de récits dans cette même
nouvelle, là où il y a seulement allusion à
une autre œuvre littéraire dont le contenu n'est jamais
évoqué)...
Le jury rappelle qu'il attend dans une bonne présentation
de la nouvelle que le candidat n'en reste ni à une paraphrase
de la nouvelle, ni à l'étude d'une dimension unique
de celle-ci. On attend de lui non seulement l'identification des
différentes composantes de la nouvelle (référentielle,
comme le lieu et temps de l'action, éléments culturels
dont dépendent l'intrigue; narratologique (type
de narration, organisation temporelle du texte); structurelle
(oppositions, récurrences, échos, symétrie);
thématique, symbolique, métaphorique...,
mais aussi, dans le cas d’une prestation plus riche, qu'il
démontre l'interaction entre ces éléments,
et qu'il s'appuie sur ces interactions pour explorer la nouvelle
et en proposer une interprétation reliant les différents
éléments observés (mode de fonctionnement du
texte, étude générique...).
L'expression en anglais
Le jury rappelle ce qu'il avait écrit dans le rapport sur
la session 2002 à propos de l'importance de la qualité
de l'anglais des candidats, considération qui est toujours
de mise:
"Il faudrait que les futurs candidats tiennent compte du
fait que, pour ce qui est du seul concours, une compétence
insuffisante en anglais est doublement gênante: non seulement
celle-ci ne leur permettra pas, en aval, de présenter une
analyse adéquate du sujet, mais aussi, en amont, elle entrave
sérieusement leur capacité à lire la nouvelle,
ne fût-ce qu'au niveau de la simple compréhension
factuelle de celle-ci, et donc à en nourrir l'analyse critique.
S'agissant, en plus, d'un concours de recrutement de professeurs
de langue et culture créole pouvant aussi être appelés
à enseigner une deuxième valence, l'importance des
qualités d'expression en anglais pour l'exercice du métier
du futur professeur n'échappera à personne."
Dans l'ensemble, l'expression en anglais des candidats laissait
à désirer, avec des défaillances plus particulièrement
dans le domaine phonologique. Même lorsque les segments étaient
assez correctement articulés, l'accent lexical restait un
domaine mal maîtrisé (*in'nocent, *de'corative,
*'hypothesis, *cha'racter, *sym'bolism...), et trop souvent
le candidat a cédé à la facilité et
a accentué les mots sur la dernière syllabe comme
en français (*stor'y, *hus'band, *ana'lyse...).
Les candidats auront tout intérêt à consulter
les ouvrages cités dans la bibliographie qui indiquent les
règles d'accentuation de l'anglais, et à travailler
cet aspect de leur prononciation, et ce dès le début
de leur préparation.
Pour ce qui est des segments, on trouve la typologie classique
des erreurs du francophone (cf. l'absence de diphtongues, le non
respect de l'opposition entre i long et i bref, la non réalisation
de la voyelle tendue semiouverte d'arrière de « door
» etc., les réalisations en [s] et [z] des th,
l'omission du [h] et / ou sa présence parasitaire devant
des mots commençant par une voyelle (hauthor etc.)...
Il est vivement conseillé aux candidats de travailler la
réalisation des phonèmes en laboratoire de langues
mais aussi de s'entraîner à l'expression en anglais
avec une correction de leurs erreurs, et ce également dès
le début de leur préparation dans les deux cas.
Quant à la grammaire et au lexique, on a constaté
de nouveau que les candidats ne maîtrisaient pas toujours
les quelques suffixes flexionnels de l'anglais et omettaient plus
ou moins régulièrement le —s de la
troisième personne du singulier du présent simple,
que tel candidat confondait his et her, que tel
autre candidat construisait des structures fautives (*to comment
the scene,*to reproach him of something) parfois en calquant
des expressions sur le français (cf. *associate
X to Y...). Sur le plan lexical on a noté
des confusions entre classes de mots: nom et adjectif (optimistic
/ optimist), ou adjectif et verbe (*she doesn't aware of
it), ou entre noms appartenant au même domaine (paint
/ painting). Il ne s'agit nullement de faire un catalogue des
erreurs et encore moins un bêtisier, mais d'attirer l'attention
des candidats sur l'importance de l'expression pour celui ou celle
qui est aujourd'hui candidat(e) au concours et qui sera demain peut-être
professeur d'anglais aussi. On ne saurait trop insister sur l'importance
de la pratique tout au long de la préparation afin
d'assurer une expression correcte sur le plan de la grammaire et
du lexique comme sur celui de la phonologie.
Les points de grammaire
Les points de grammaire proposés aux candidats étaient
les éléments soulignés suivants:
her and her sulky bitches of
girlfriends (l. 117), I must
be intruding (l. 170) [Frank TUOHY, At Home with the
Colonel], et he should have
been a young officer in Nelson's navy (l.24-25), when
you reach your forties
(l. 79) [Graham GREENE, The Invisible Japanese Gentlemen].
En ce concerne les traitement de ces exemples le jury rappelle
qu'il convient de décrire le ou les point(s), d'en dégager
la ou les problématique(s) grammaticale(s) pertinente(s),
et de procéder à une analyse (qui n'est bien entendu
tributaire d'aucune école linguistique particulière)
de ces dernières en s'appuyant sur des manipulations de différentes
sortes.
Dans l'ensemble le traitement de ces exemples n'était pas
satisfaisant et les candidats devraient pouvoir progresser de façon
significative dans ce domaine en suivant une formation, en s'appuyant
sur les ouvrages signalés dans la bibliographie et en s'entraînant
personnellement à l'exercice.
Signalons brièvement les problématiques qu'on pouvait
aborder dans les exemples proposés aux candidats:
her and
her sulky bitches of girl friends l. 117
- structure du GN, identification de la tête du GN
- valeur de of
- valeur métaphorique de bitches
- valeur de girl ici
I suppose I must
be intruding l. 170
- valeur de l'auxiliaire modal must: épistémique
(assertif / congruence S—P) ou radicale (pragmatique; dynamique
ou déontique)?
- valeur de l'aspect have + -en
When you reach your forties
l. 79
- pourquoi le numéral forty est-il au pluriel
? problème de conversion adjectif → nom; valeur du
pluriel ici
- valeur de l'adjectif possessif your
He should have been
a young officer in Nelson's navy
l.24-25
- valeur de should: type de modal, et valeur du prétérit
Conseils pour la préparation de l'épreuve
Le jury rappelle que l'option d'anglais est une épreuve
qui demande de réelles compétences au niveau de la
présentation critique de la nouvelle, de l'expression en
anglais, et de l'analyse grammaticale de l'anglais. Ce sont trois
savoir-faire qui s'appuient sur de nécessaires connaissances
littéraires, linguistiques et grammaticales.
Le jury souligne la nécessité de suivre des formations
adéquates et de s'entraîner aux différents exercices.
Pour ce qui est de la présentation de la nouvelle, il est
vivement conseillé aux futurs candidats de travailler, en
plus de la compétence purement littéraire, l'expression
en anglais sans oublier la terminologie critique et les aspects
formels de la présentation (plan). En ce qui concerne les
points de grammaire, le jury, qui a souvent eu l'impression que
les candidats manquaient de pratique, ne saurait que trop insister
sur la nécessité pour les candidats de préparer
l'épreuve en faisant eux-mêmes l'analyse et la présentation
de points typiques. Pour cela ils pourraient utilement se reporter
aux remarques sur les faits de langue qui figurent dans les rapports
récents sur le CAPES externe d'anglais. Les candidats trouveront
dans la bibliographie ci-dessous des références utiles,
lectures qu'ils pourront, rappelons-le, avantageusement compléter
par un entraînement pratique aux exercices de l'épreuve.
Bibliographie
Présentation critique des nouvelles
BAZIN, Claire et DEÏDDA, Ivan, 1995: La Nouvelle au
Capes, Ellipses.
CORDESSE, Gérard et al., 1988: Langages littéraires,
Presses Universitaires du Mirail.
GRELLET, Françoise, 1995: A handbook of literary terms,
Hachette.
LOUVEL, Liliane et VERLEY, Claudine, 1993: Introduction à
l'étude de la nouvelle, Presses Universitaires du Mirail.
MCHALE, Brian, 1985: Postmodern Fiction, Routledge.
WAUGH, Patricia, 1984: Metafiction, Routledge.
Expression en anglais
DUCHET, Jean-Louis, 1994: Code de l'anglais oral, Ophrys.
DUCHET, Jean-Louis, et FRYD Marc, 1998: Manuel de l'anglais
oral pour les concours, Didier Érudition / CNED.
LAPAIRE, Jean-Rémi, et ROTGE, Wilfrid, 1993: Séminaire
pratique de linguistique anglaise, Presses Universitaires du
Mirail, (en particulier: p. 406-420 'Guide de l'expression authentique
en anglais').
WATBLED, Jean-Philippe, 1996: La prononciation de l'anglais,
Nathan, collection 128.
WELLS, John, 1990: English Pronunciation Dictionary, Longman.
Points de grammaire
BOUSCAREN, J., et CHUQUET, J., 1987: Grammaire et textes anglais.
Guide pour l'analyse linguistique, Ophrys.
COTTE P., 1993: L'explication grammaticale en anglais,
Dunod.
DELMAS, C., et al., 1993: Faits de langue en anglais,
Dunod.
GARNIER, Georges, et GUIMIER, Claude, 1997: L'épreuve
de linguistique au CAPES et à l'Agrégation, Nathan
Université.
KHALIFA, Jean-Charles, 1999: La syntaxe anglaise aux concours
CAPES/Agrégation. Théorie et pratique de l'énoncé
complexe, Colin.
LAPAIRE, Jean-Rémi, et ROTGE, Wilfrid, 1992: Réussir
le commentaire grammatical de textes, Ellipses,.
LARREYA, P. et RIVIERE, C., 1999: Grammaire explicative de
l'anglais, Longman.
PAILLARD, M., 2000: Lexicologie contrastive anglais-français.
Formation des mots et analyse du sens, Ophrys.
RIVIERE, C., 1995: Pour une syntaxe simple à l'usage
des anglicistes, Ophrys.
SOUESME, J.-Cl., 1992: Grammaire anglaise en contexte,
Ophrys.
TOURNIER, J., 1993: Précis de lexicologie, 3ème
édition, Nathan Université.
Espagnol
Aucun candidat ne s’est présenté à
l’épreuve orale.
Français
L’explication de texte
L’épreuve proposée aux candidats du CAPES
de créole ayant choisi l’option français est
l’explication d’un texte, postérieur à
1500, appartenant à la littérature française
ou francophone. Ici encore, nous renvoyons au rapport du concours
2002 qui pose les bases de la méthodologie.
Quelques informations sur la procédure
Le candidat se voit proposer deux textes par le jury, il en choisit
un pour l’explication. Les textes relèvent d’un
genre différent, ils appartiennent également à
des siècles distincts. À titre d’exemple, furent
proposés cette année des textes de Ronsard, Mme de
Lafayette, La Fontaine, Molière, Montesquieu, l’Abbé
Prévost, Bernardin de Saint Pierre, Baudelaire, Hugo, Mérimée,
Rimbaud, Céline, Ponge, Senghor, Renard… Cette liste,
bien entendu, ne préjuge en rien des choix des années
futures…
Les textes ont une longueur approximative de 2000 à 3000
signes, naturellement, des spécificités typographiques
ou de genre peuvent engendrer des différences apparentes.
Le candidat dispose ensuite de deux heures de préparation
avant d’exposer son travail devant le jury.
L’épreuve se déroule en deux temps:
- le candidat dispose d’abord de 25 minutes pour développer
son explication.
- la deuxième partie de l’épreuve prend la
forme d’un entretien au cours duquel le jury revient sur
les points de l’exposé qui méritent d’être
approfondis, corrigés ou mis en lumière.
L’explication de texte demande un travail de préparation
rigoureux qui consiste, comme pour la dissertation, en un entraînement
régulier. Ecouter les enseignants ou la prestation des autres
candidats est riche d’enseignement, mais insuffisant. Les
multiples contraintes de l’exercice (maîtrise du temps,
des notes, du contenu, expression orale…) ne peuvent être
vraiment appréhendées que par une pratique régulière
et personnelle.
Par ailleurs, le savoir-faire se nourrit d’un savoir, la
préparation CAPES suppose en effet une fréquentation
assidue des textes de la littérature française. En
effet, le travail d’explication de texte est grandement facilité
quand le candidat a lu, ou connaît les grandes lignes de l’œuvre
d’où le texte est extrait. Ainsi, la dimension tragique
dans le passage de «la rencontre» entre le Chevalier
Des Grieux et Manon (Abbé Prévost (1697- 1763), Histoire
du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut -1731-) est plus identifiable
lorsque l’issue du récit est connue, il est impossible
alors d’ignorer le passage: «qui a causé,
dans la suite, tous ses malheurs et les miens» et le
candidat peut alors mettre en valeur sa dimension programmatique.
Lors de son année de préparation le candidat doit
donc sélectionner ses lectures en fonction de ses lacunes,
sachant qu’il sera interrogé sur les textes francophones
des programmes de collège et lycée.
Au delà de cet aspect, les prestations les plus médiocres
ne posaient pas de problématique identifiable. Rappelons
qu’il s’agit d’énoncer clairement dès
l’introduction les pistes ou axes d’étude que
l’explication se chargera d’élucider ou d’expliquer.
Le projet de lecture, construit sous la forme d’une problématique
qui fédèreles questions que le lecteur se pose, permet
d’éviter l’émiettement de l’analyse,
l’inconsistance de l’explication.
Nous pouvons suggérer quelques exemples de problématisations,
à propos de:
- Gargantua, l’éducation de Gargantua (Ch.
23)
En quoi le texte est-il redevable d’un idéal Humaniste,
mais également en quoi est-il emblématique de la
« manière » de Rabelais ?
- Lettre Persane n°29
Comment Montesquieu utilise-t-il une forme narrative pour délivrer
un message assez subversif à l’égard des réalités
religieuses de son temps (inquisition, rôle du clergé
…) ?
- Caractères (De la ville, 14)
Comment la mise en scène d’un «type littéraire»
est-elle l’occasion pour La Bruyère d’une impitoyable
critique des moeurs de son temps ?
Il ne s’agit que d’exemples, mais qui sont de nature
à fournir au discours du candidat une ossature rigoureuse
et véritablement éclairante. Par ailleurs, le fil
conducteur du travail ne doit pas disparaître au bout de quelques
minutes. Trop souvent, le jury a déploré que la rigueur
du travail d’explication amorcé dans les premières
lignes du texte s’effiloche peu à peu pour se perdre
assez vite dans des remarques imprécises et sans ordre. Il
est fondamental de mener le travail d’analyse dans un cadre
rigoureux qui mette en valeur la pensée et les hypothèses
formulées.
De même, les hypothèses de lecture doivent être
argumentées, solidement ancrées dans une analyse des
effets du discours. Ainsi, le jury a pu entendre à propos
de la réaction de Don Juan à la «tirade d’Elvir»
que celui-ci ne parlait pas car il ne l’aimait pas. Sans autre
explication… Il aurait mieux valu partir du texte même
et de la distribution des volumes dans le découpage proposé:
le personnage de Molière est pratiquement muet dans ce passage
et lorsqu’il a la parole, il la transfère immédiatement
à Sganarelle. Si l’on admet que Don Juan est un être
de langage qui parle essentiellement pour séduire, ses tirades
réduites à leur plus simple expression permettent
de comprendre qu’à l’heure où elle lui
parle avec tant de force, il n’aime plus Elvire.
Au final, c’est au texte et encore au texte qu’il
faut se référer, loin de toute approximation ou hypothèse
hasardeuse. Et une fois encore rien ne remplace un entraînement
régulier. Là est la véritable clé de
la réussite.
Histoire / Géographie
Un seul candidat s’étant présenté cela
rend malaisée la rédaction d’un rapport.
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